Performances électorales aux dernières élections législatives de 2023 : LD, Up-r et Br, le cauchemar des 20% à conjurer

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Bien qu’il reste encore plusieurs mois avant l’organisation des premières élections générales, notamment, les législatives et les communales couplées, en 2026, le nouveau Code électoral voté le 5 mars 2024 au parlement impose une réflexion précoce sur des sujets de grandes préoccupations pour les partis. Objet de querelles politiques, le nouveau code a été validé par la Cour constitutionnelle puis promulgué par le Président de la République, Patrice Talon. Désormais, tous les partis politiques désireux de conquérir le pouvoir devront relever le défi d’une collecte d’au moins 20% des suffrages valablement exprimés dans chacune des 24 circonscriptions électorales.

Ce nouveau seuil fixé au niveau des circonscriptions en plus des 20% maintenu au plan national est éliminatoire. Le challenge est là. Réussir à faire un large maillage du territoire national, occuper et animer l’espace partisan du Nord au Sud, de l’ouest à l’est, s’implanter durablement dans toutes les régions du pays, développer un leadership politique fort et convoquant au plan national… Ce n’est qu’à seul prix que les partis politiques pourront dorénavant nourrir au moins le rêve de lever des sièges à l’hémicycle à partir de 2026. En l’état actuel, aucun des partis politiques représentés ou non à l’Assemblée Nationale ne remplit ce critère éliminatoire de mobilisation de 20% des voix dans chacune des 24 circonscriptions électorales.

L’analyse comparative des chiffres sortis des urnes et certifiés par la Cour constitutionnelle aux dernières élections législatives du 8 janvier 2023 renseigne assez bien sur la situation. Aux dernières élections législatives en effet, seulement trois (3) partis politiques ont pu lever des sièges sur la base du seuil national des 10%. Il s’agit des partis Union Progressiste le renouveau (Up-r) [53 sièges]; du Bloc républicain (Br) [28 sièges] et du parti Les Démocrates (LD) [28 sièges]. L’analyse des données désagrégées montre que le parti Up-r a eu au moins 20% des suffrages exprimés dans 21 circonscriptions électorales ; le Br a eu au moins les 20% dans 19 circonscriptions électorales et le parti Les Démocrates a eu au moins les 20% dans 14 circonscriptions électorales. Il en ressort que si le nouveau Code électoral était celui appliqué lors des dernières élections législatives, aucun des trois partis politiques ne serait éligible seul à l’attribution des sièges, sauf peut-être dans le cas d’un accord de gouvernance législative.

Ces données révèlent les faiblesses des trois partis politiques notamment en ce qui concerne leur représentativité et leur capacité à couvrir toutes les 24 circonscriptions électorales. Les idéaux défendus par ces trois partis politiques n’ont visiblement pas convaincu au moins 20% des électeurs dans toutes les 24 circonscriptions électorales. Pour des partis politiques qui ont désormais vocation à s’implanter et à se structurer dans le temps partout sur le territoire national, ces données les interpellent et les obligent à panser rapidement les plaies résultant d’un péché d’occupation de terrain.

Dans la 8e circonscription électorale, le parti Up-r a obtenu 18,41% des voix. Dans la 13e circonscription électorale, l’Up-r a obtenu 18,58% des voix. Dans la 14e circonscription électorale, l’Up-r a obtenu 19,04% des voix. Le parti dirigé par Joseph Djogbénou sait désormais qu’il aura fort à batailler pour relever le défi des 20% dans ces trois circonscriptions électorales puis à consolider ses appuis dans les 21 autres circonscriptions électorales. Dans un contexte de forte concurrence politique, il n’est pas exclu que l’Up-r perde en influence dans d’autres circonscriptions électorales autrefois acquises. Le défi reste alors entier.

Lors des dernières élections législatives, le parti Br a eu 18,71% de voix dans la 6e CE ; 19,12% de voix dans la 10e CE ; 19,37% de voix dans la 12e CE ; 13,70% de voix dans la 15e CE et 17,70% de voix dans la 16e CE. Le parti du cheval blanc cabré a ainsi manqué de réunir les 20% de voix dans ces 5 circonscriptions électorales avec un score plus faible dans la 15e circonscription électorale. Le parti dirigé par Abdoulaye Bio Tchané devra absolument reprendre du travail pour relever le défi des 20%.

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Même si en l’état des choses, un accord de gouvernance législative pourrait sauver de facto les partis Up-r et Br de la noyade individuelle, la dynamique qui commande le jeu politique et électoral dans le rang des populations oblige chacun à mieux affiner ses armes pour aller à l’assaut de l’électorat. Sans quoi, à trop dormir sur les certitudes de 2023, la grosse désillusion assassine pourrait démolir les deux partis Up-r et Br. L’imprévisibilité du choix des électeurs est à craindre. Le parti Les Démocrates est le seul parti de l’opposition représenté au parlement avec 28 députés.

Le parti dirigé par Boni Yayi a connu fortune diverse dans les circonscriptions électorales. Il n’a pu obtenir les 20% de suffrages que dans seulement 14 circonscriptions électorales avec les plus gros scores (49,44%) dans la 8e circonscription électorale ; (41,86%) dans la 15e CE ; (46,17%) dans la 16e CE et (40,31%) dans la 4e CE. Par contre, le parti LD a enregistré ses pires scores (8,65%) dans la 3e CE; (3,93%) dans la 11e CE ; (3,92%) dans la 24e CE. Au total, le parti LD a manqué de réunir les 20% dans 10 circonscriptions électorales avec des scores piètres, passables ou d’espoirs.

Avec son discours mobilisateur assez tranché et très critique contre le pouvoir Talon, le parti dirigé par l’ex-président de la République Boni Yayi a l’obligation de mieux battre les cartes à travers un large déploiement de ses forces dans la 11e CE où il est en chute libre. Face l’hypothèse d’un accord de gouvernance législative qui se précise entre l’Up-r et le Br, le parti LD, locomotive de toutes les forces de l’opposition devra absolument resserrer ses rangs, signer des accords de gouvernance avec d’autres partis de l’opposition comme la FCBE, MPL… afin de maximiser ses chances d’être présent autour de la table de partage des sièges.

Toute autre option signerait un arrêt de mort politique pour le parti LD et par ricochet pour toute l’opposition en 2026. Au-delà des efforts singuliers que les partis politiques devront faire, l’obtention des 20% dans chacune des 24 circonscriptions électorales sera conditionnée par le taux de participation aux élections. Si tous les partis politiques réussissent à rétablir les liens entre les citoyens et les urnes, le taux de participation sera élevé avec la forte probabilité que trois ou quatre voir plus réussissent facilement à avoir les 20% dans chacune des 24 circonscriptions électorales.

À l’inverse, des partis feraient des scores soviétiques dans certaines circonscriptions électorales et rendraient de pâles copies de voix recueillies dans d’autres circonscriptions électorales. À l’arrivée, le résultat pourrait être amer pour la démocratie pluraliste souhaitée. À chacun de jouer sa partition.

B. K. S

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