Accusations de rançonnement, corruption passive et abus de fonction : Le commissariat de Houègbo, l’image d’une police agonisante et souillée

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Les vertus professionnelles ont-elles déserté le forum au commissariat de Houègbo ? Dans cette unité de police, les usagers, de plus en plus nombreux, enfourchent la trompette de la récrimination. Ces dernières semaines, le Département enquête et investigation (Dei) du Groupe de presse Le Potentiel a été alerté à plusieurs reprises. Nos divers canaux d’inter-échanges ont été abondamment utilisés pour décrire des situations peu commodes au niveau de l’administration du commissariat de Houègbo. Nos sources recoupées parlent avec insistance de « pratiques illégales dépourvues de traçabilité et de transparence ». Au Dei, ces sources renseignent qu’au niveau du commissariat de Houègbo, des « faux frais alimentant des circuits noirs » sont institués et perçus systématiquement. Avec précision, les sources du Dei font savoir qu’une « somme forfaitaire de 5.000 francs CFA est exigée aux usagers » pour l’établissement des certificats ou attestation de perte. Le même montant est exigé pour les procédures de réquisition à l’usage des victimes d’escroquerie, ou d’arnaque en ligne, notamment aux fins d’identification de numéros téléphoniques présumés frauduleux. Les témoignages recoupés auprès des  »victimes » sont glaçants. Un agent serait spécialement affecté au service de la comptabilité pour percevoir ces sommes forfaitaires de 5.000 francs CFA. « J’ai payé mais je n’ai eu aucun reçu » déclare un usager victime de ce qu’il appelle « l’escroquerie administrative ». « Je peux vous dire que dans ce commissariat, c’est devenu la règle depuis plusieurs semaines. Tu vas là-bas pour prendre un certificat de perte on te réclame les 5.000 francs CFA. Et quand tu es d’ailleurs victime d’escroquerie en ligne, on va encore te prendre de l’argent avant de t’aider (…)», s’alarme une autre source du Dei. Or, en l’état actuel des textes, les spécialistes de l’administration et ceux avisés des règles de gestion financière au sein des unités de police, sont en désaccord avec la pratique décrite au commissariat de Houègbo. Les deux services pour lesquels les usagers seraient contraints à payer relèveraient des missions régulières de la police. « Au niveau des commissariats, aucun citoyen ne devrait être amené à payer un kopeck pour ces services », explique au Dei un officier supérieur de police sous anonymat. La pratique décrite s’apparente donc à des faits d’abus de fonction, de rançonnement et de corruption.

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Démarche contradictoire et maraboutage

Les accusations sont graves. Si les faits sont avérés, le commissariat de Houègbo deviendrait un symbole de souillure et crise de valeurs professionnelles au sein de la police républicaine. Le Dei a adressé une correspondance au commissaire de Houègbo en date du 8 avril 2025. Le 9 avril 2025, le commissariat a accusé réception de la correspondance. Le Dei du Groupe de presse Le Potentiel a posé un certain nombre de questions au commissaire de Houègbo. Les réponses à ces questions permettraient de lever le flou dans cette affaire. Le commissaire est-il informé que les usagers payent systématiquement 5000 francs CFA pour les deux services décrits supra ? Quelles sont les bases légales de l’instauration du payement de ces sous? Le commissariat de Houègbo dispose-t-il d’un système de gestion formelle de ces fonds ? La hiérarchie est-elle informée ? Le commissariat a-t-il affiché la grille tarifaire relative à ces services ? Alors que les délais réglementaires fixés par la loi sont clos, le Dei reste dans l’attente des réponses aux questions soulevées dans sa correspondance en date du 8 avril 2025. Mais un fait ahurissant va s’inviter dans le dossier. Le Dei apprend qu’un agent du commissariat de Houègbo serait allé solliciter les services des marabouts et charlatans pour  » faire taire Le Potentiel  ». Non seulement, les effets occultes devraient endormir notre Quotidien, mais ils devraient aussi calmer le Directeur général de la police républicaine, Brice Allowanou. Mais, là, les fameux charlatans commis n’ont visiblement pas réussi leur job. Les faits sont ici étalés. Alors que l’enquête est en cours, nos sources renseignent que le commissariat de Houègbo est plongé dans une panique. Le 17 avril 2025, une note publiée par le commissaire devient l’élément matériel de cette  » panique  » décrite par nos sources. Intitulé  » À l’attention de tous  », cette note précise que les usagers devraient juste payer un timbre de 800 francs CFA pour les services des certificats de perte. La note signée du Commissaire de Houègbo n’est pas datée.

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Le dispatching des fonds

Les fonds  » perçus » et décriés par les usagers ne sont pas stockés à l’infini. Après l’acte de « rançonnement », il y a ce qu’on appelle dans le jargon des flics  »LA CASSE ». La casse consiste à faire le dispatching et à partager les fonds entre les membres du réseau de flics impliqués dans les pratiques dépouillées. Au sein de l’unité, le Dei de Le Potentiel a obtenu des documents qui montrent que des agents émargent régulièrement. Au commissariat de Houègbo, le plus gradé émarge pour un montant de 75.000 francs CFA et le moins gradé a émargé pour 14.000 francs CFA. Quelle est l’origine de ces montants perçus sporadiquement au sein de l’unité de police ? S’agirait-il des montants issus des actes de rançonnement décriés par les usagers ? Le Dei a adopté une démarche rigoureuse de collecte d’informations. La démarche contradictoire a été suivie. Des pièces à conviction (documents, audios, vidéos…) sont dans la banque de données de Le Potentiel. Le journal n’hésitera pas à verser ces éléments à la hiérarchie policière sur demande s’il s’avère que les principaux mis en cause tentent de décrédibiliser le travail journalistique. De telles pratiques, même à l’étape de soupçons, distancient la police républicaine des populations à la base. Quid de la sécurité publique ? Quelle chance pour la coproduction de la sécurité si déjà les populations civiles se sentent abusées par des agents en uniforme ? La hiérarchie policière est interpellée. A suivre…

Brivaël Klokpê Sogbovi

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