Drame dans un poste de police à Kandi : Commissariat de Kassakou : un détenu meurt, les parents accusent la police
Ces dernières heures, la mort d’une personne placée en garde à vue à Kandi remet l’institution policière au-devant de la scène. Selon les informations du Département enquête et investigation (Dei) du Groupe de presse Le Potentiel, le décès du détenu engagerait la responsabilité du commissariat de Kassakou, un arrondissement de Kandi dans le département de l’Alibori. Mais l’affaire étend aussi ses tentacules au commissariat central de Kandi où le défunt détenu a été transféré. Que s’est-il passé ? À la recherche des réponses le Dei a échangé avec plusieurs sources proches de l’affaire y compris les parents du détenu ayant trouvé la mort.
Sandé Sounon. C’est le nom de la victime. Nos sources renseignent qu’il a été convoqué par une dame du nom de Madame OLA dit ‘’Maman Hubert’’. Avec cette dernière, le défunt Sandé Sounon avait un contrat social basé sur la confiance. En vertu de ce contrat, dame Ola lui confiait de l’argent afin d’alimenter un business sur le marché des produits vivriers. Seulement, le monde des affaires va avec ses incertitudes. Les gains d’aujourd’hui peuvent ne pas être au rendez-vous demain. Chemin faisant, le défunt Sandé Sounon s’est retrouvé avec un empilement de dettes qu’il a entrepris de payer. Une partie de la dette dont le montant total reste indéterminé a même été payé, font savoir les sources du Dei. Les mêmes sources précisent qu’à la date de sa convocation suivi de sa garde à vue au commissariat de Kassakou, le défunt Sandé Sounon devrait payer la somme de 870.000 francs à dame Ola. Le défunt aurait même entrepris des démarches pour vendre ses parcelles afin de s’acquitter de cette dette. Le Dei apprend que Sandé Sounon s’est présenté de lui-même à la convocation. Une fois au poste, les flics ont jugé nécessaire de le placer en garde à vue. Venu au commissariat pour répondre à une convocation pour des faits de dette, Sandé Sounon était sans doute loin d’imaginer qu’il y jouait les derniers instants de sa vie sur terre.
Un séjour fatal au commissariat, le flou persiste

Sandé Sounon a passé au total 4 jours au commissariat. Selon les parents et proches qui n’arrivent pas à contenir leur colère, au cours de sa garde à vue, Sandé Sounon aurait été victime d’un « châtiment à mort » au commissariat de Kassakou. Les parents interrogés par le Dei parlent des flics comme des »auteurs d’un acte barbare » ayant ôté »sauvagement la vie de Sandé Sounon’’. Le discours est empreint de colère mais demeure constant. Au Dei, les parents expliquent Sandé Sounon a été menotté tout au long des 4 jours de garde à vue. Ensuite, images du corps sans vie à l’appui, les parents soutiennent que Sandé Sounon a été roué de coups sauvages comme un hors-la-loi. Sur les images du corps, le Dei a pu constater des marques de coups, des plaies béantes sur tout le corps avec des traces de sang. Le récit des parents laisse comprendre Sandé Sounon a perdu des dents et s’est retrouvé avec une mâchoire brisée sous »les coups barbares » des policiers. Pour la famille, il n’y a aucun doute. Ce sont ces coups et blessures sanglants qui ont entraîné la mort de Sandé Sounon au commissariat central de Kandi où le commissariat de Kassakou l’a référé. Malgré le choc lié à ce décès tragique, la famille de Sandé Sounon entend mener les actions nécessaires devant les juridictions pour rendre justice à leur défunt fils.
La ligne de défense du commissariat de Kassakou
Les faits sont graves. Pour une police accusée de meurtre suite à des coups et blessures sur une personne placée en garde à vue, le silence n’est pas le meilleur choix. À ce propos, et dans sa démarche contradictoire, le Dei a eu la version du commissaire de Kassakou. Selon lui, Sandé Sounon n’a jamais été battu dans son unité à Kassakou avant d’être transféré au commissariat central de Kandi. À l’en croire, le médecin communal de Kandi a été sollicité pour faire le constat du décès de Sandé Sounon. Ce médecin aurait conclu que le détenu serait décédé « d’une rupture des verseaux sanguins au niveau des poignets ». Aucune trace de traitement dégradant n’aurait été constatée sur le corps par le médecin, soutient le commissaire de Kassakou qui n’exclut pas que le détenu ait pu se donner la mort face à l’impossibilité de payer la dette ou pour plus d’autres raisons. Or, les images consultées par le Dei indiquent des traces de sang sur le corps du défunt Sandé Sounon. Le commissaire de Kassakou explique que le détenu était déjà agité et avait même réussi à casser ses menottes pour tenter une évasion dans son unité avant d’être rattrapé par ses agents. Le commissaire pense que le détenu aurait pu bien se blesser au commissariat central de Kandi s’il récidivait dans sa tentative de casser les menottes qu’on lui a placées. « Il a fait la boxe avec qui pour perdre ses dents et sa mâchoire et autres là, non », se défend le commissaire de Kassakou. « C’est la rupture des verseaux sanguins sous la pression de la menottes, et c’est parce qu’il n’est pas resté tranquille et la menotte a serré, serré (…) il avait l’intention de casser la menotte pour s’évader », a soutenu le commissaire de Kassakou. Le flou persiste sur les circonstances de décès de Sandé Sounon. Ce flou persiste encore plus sur le traitement infligé au détenu défunt au commissariat de Kassakou. Des ecchymoses étaient visibles au dos et dans le ventre. Le sang aussi était visible au visage du défunt. Des doutes entourent aussi la version qui consiste à dire que le détenu a réussi à casser une menotte. La force du défunt pouvait-elle lui permettre de casser une menotte ? Comment et en vertu de quel texte on peut encore menotter un détenu déjà en cellule ? Les agents de police de Kassakou et de Kandi centre ne pouvaient-ils pas faire recours à la panoplie de techniques de maîtrise des détenus remuants pour calmer Sandé Sounon si tant est qu’il était effectivement agité ? Face à toutes ces questions, une enquête doit être ouverte pour élucider les circonstances de décès du détenu Sandé Sounon. Les images sont horribles et insoutenables. Le procureur territorialement compétent devra diligenter les enquêtes pour clarifier la situation. L’image de la police se trouve une fois encore écorchée par cette affaire.
Brivaël Klokpê Sogbovi