Religion et spiritualité en Afrique:  » Kemitisme », le panafricaniste Kemi Seba s’autoproclame Dieu !

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Il est connu comme une figure parlante sur la ligne de front contre l’impérialisme occidental et les perversités de la mondialisation. Surtout, quand les intérêts des peuples africains sont menacés, l’homme, ces dernières années, a lancé une dynamique de lutte. Le panafricanisme, bouclier protecteur de l’identité africaine et des intérêts des communautés africaines, est la philosophie qui sous-tend cette lutte de restauration de la dignité des peuples noirs, victimes de l’instinct animal qui colle à la peau des humains de façon historique. Si le panafricanisme est un courant de pensée, Kemi Seba en est devenu l’une des figures d’incarnation. Y-a-t-il quelque chose de mal dans un combat de défense et de protection des intérêts des peuples noirs ? Non. Quand ce combat est d’ailleurs porté par un des fils du continent, devrait-il y avoir un problème de fond ? Non. Seulement, toute lutte non encadrée finit par s’essouffler sur l’autel des dérapages qui, à leur tour, vont ruiner les nobles objectifs poursuivis et décrédibiliser les leaders engagés au front. C’est apparemment le piège dans lequel le panafricaniste Kemi Seba tombe à petit coup sans s’en rendre compte. En effet, début avril 2023, Kemi Seba publie en ligne sur son site un article en lien avec la religion, la spiritualité et les croyances. Si cela n’arrive que très rarement, la disparition de la publication du site du panafricaniste a suscité des curiosités. Qu’est-ce qui a pu bien se passer pour que Kemi Seba se soit résolu à supprimer sa publication en ligne? Lui qui pourtant a l’habitude d’assumer ses idées contre vents et marées. On se rendra compte que les réprobations et les indignations populaires des internautes sur le contenu de la pensée ont poussé Kemi Seba à supprimer la publication. Mieux, les réactions hostiles étaient si virulentes que le jeune leader du mouvement panafricain est tombé dans le reniement de ladite publication qui attaque les religions notamment l’islam et le christianisme. Le 5 avril 2023, Kemi Seba publie sur le site d’Urgences Panafricanistes https://urpanaf.org un article portant sur « Le Kemitisme ». L’auteur décrit le Kemitisme comme le « corolaire spirituel de la panafricanité fondamentale » qui doit s’imposer au Mali et ailleurs en Afrique. « L’Islam, tout comme le Christianisme des colons occidentaux, est une religion qui nous vient de l’extérieur et qui a vocation à détourner l’Africain, notamment au Sahel, de ce que j’ai appelé la panafricanité fondamentale. Le kémitisme, quant à lui, né en Égypte, en terre africaine, fait écho à nos croyances animistes traditionnelles. Il est la voie à suivre pour tous les panafricanistes sincères, notamment chez mes frères maliens qui ont fait le choix de l’émancipation, mais qui prêtent encore l’oreille aux soi-disant hommes de foi qui veulent les maintenir dans leur condition d’esclaves», écrit Kemi Seba. Le kémitisme, soutient-il, « constitue une alternative philosophique aux religions et aux idéologies instrumentalisées par nos occupants arabo-musulmans, puis occidentaux, pour asservir l’Homme africain, tels que l’Islam politique, l’impérialisme, le capitalisme, le socialisme ou le communisme. Elles ont été imposées à l’Afrique, elles nous ont opposés au fil des siècles et elles ont fait passer au second plan notre culture originelle. Moi-même, né Gilles, j’ai choisi très tôt de renoncer à mon prénom de naissance, d’inspiration chrétienne, pour préférer celui de Kémi. Ce prénom s’inspire de l’égyptien ancien « Kemet », la « terre noire », fertilisée par le limon sacré du Nil, la semence du dieu-fleuve ».

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Les libertés religieuses en danger…

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Le Kemitisme tel qu’il est conçu, pensé et prêché par le panafricaniste Kemi Seba peut dynamiter les fondations des libertés religieuses en Afrique, et par-delà, déstructurer les liens de fraternité entre les peuples noirs partageant des croyances diversifiées. « Adopter le kémitisme, c’est faire renaitre la religion ancestrale, qui honore les forces de la nature, c’est faire perdurer l’héritage de nos ancêtres et se l’approprier dans un contexte de renaissance de la fierté africaine. C’est en cela que le kémitisme doit être perçu, non pas comme une approche métaphysique parmi d’autres, mais comme l’authentique corolaire spirituel de la panafricanité fondamentale. La libération doit être pleine et entière. Le Mali a montré la voie sur le plan partenarial et sécuritaire : la première étape est franchie. Désormais, il nous faut amener le peuple malien vers la seconde étape, qui consiste à le détourner définitivement d’une foi qui n’est pas la sienne, qui ne sert que de prétexte à l’homme au turban, le pantin des colons », lit-on dans le texte de Kemi Seba. Plus loin, on lira dans la publication : « Une Afrique kémite, pleinement débarrassée de ces influences spirituelles étrangères, est une Afrique unifiée, berceau de la fraternité véritable retrouvée, de la justice naturelle, de l’égalité entre les hommes, au-delà des conflits dogmatiques et des frontières artificielles que l’on nous a imposées ! ». Ces idées défendues par Kemi Seba ont naturellement laissé place à une levée de boucliers sur la toile. Le panafricanisme originel repose sur les libertés, y compris celles qui se rapportent à la religion. L’autre confusion qui ruine l’opportunité de cette publication rejetée est le  »Kemitisme ». Kemi Seba qui rejette l’islam et le christianisme voudrait-il les remplacer par une religion qui s’identifie à son prénom ? Si oui, le leader de la panafricanité ne voudrait-il pas désormais s’identifier à Dieu ? L’un mis dans l’autre, la publication semble entrer en opposition avec les libertés pourtant si chères au panafricanisme. À l’heure où des défis imminents se dressent sur le chemin des pays africains, la réflexion devrait être orientée vers des solutions concrètes au profit des peuples noirs. Les questions idéologiques abordées dans une confusion peuvent compromettre la paix. Les leaders de quelque mouvement que ce soit devraient se nourrir de sagesse, éviter des quêtes risquées d’une fossilisation identitaire (de leur petite personne) dans les consciences sous un prétexte religieux.

Brivaël Klokpê Sogbovi

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