Système financier décentralisé au Bénin : « Mive-Finance », le nom utilisé pour arnaquer des populations à Djidja
Le procès hyper-médiatisé de Icc-Services, du nom du plus gros scandale financier est terminé depuis quelques années. Mais aujourd’hui encore, certains faits viennent rappeler à la mémoire collective la souffrance d’une grosse arnaque dans le circuit de l’épargne public au Bénin. À Mougnon dans la commune de Djidja, département du Zou, les populations serrent à nouveau les dents face au flou lié à un contrat d’épargne proposé et exécuté prétendument par un individu qui se réclame être un agent de Mive-Finance, une structure opérant comme système financier décentralisé (Sfd). Elles sont excédées et obligées de vivre avec le sentiment d’une trahison. Dans cette affaire, plusieurs millions (en francs CFA) ont été encaissés à Mougnon dans la commune de Djidja par un individu qui s’est présenté aux populations comme un agent de Mive-Finance. Selon plusieurs sources contactées, « des gens sont venus s’installer dans la commune de Djidja, arrondissement Mougnon, village Lèlè-Adato ». Les mêmes sources précisent que dès leur installation, beaucoup d’agents collecteurs mobiles sont recrutés avec mission de circuler dans tous les arrondissements de la commune. Depuis deux mois environ, ces agents ont collecté auprès des populations de l’épargne au nom de Mive-Finance. Un certain I. K, est cité par certaines sources comme étant le responsable niveau communication de Mive-Finance. La structure aurait proposé plusieurs produits et services aux populations pour les appâter. Il s’agit par exemple d’une épargne progressive moyennant l’achat de divers biens avec le soutien du Sfd qui se chargera de faire les compléments financiers nécessaires au moment de l’achat et récupérer de façon échelonnée. Les livrets consultés auprès des épargnants ayant souscrit aux offres de Mive-Finance permettent de se rendre compte que des fonds sont régulièrement perçus par les agents collecteurs. Certains épargnants ont même payé plus de trois-quarts (¾) des montants d’achat de moto que Mive-Finance était censée livrer et percevoir progressivement sur épargne le reste. Mais depuis, plus rien. Les locaux servant de siège social de la structure Mive-Finance à Mougnon sont fermés. Difficile pour les épargnants d’entrer en contact avec les responsables de Mive-Finance opérant à Djidja. « Les numéros ne passent pas. Ils ont éteint les numéros. Personne ne décroche nos appels. C’est le caissier qui éteint par moment les numéros. On a cherché les numéros sur le livret. Mais rien», raconte un épargnant victime qui poursuit : « Nous avons cherché un numéro qui était affiché entre temps sur leur bâche et c’est quelqu’un qui a décroché à Cotonou ». Selon ce dernier, Mive-Finance est bien entendu fonctionnelle à Cotonou avec un siège régulier. Mais dit-il, le « type qui a ouvert l’antenne communale de Djidja n’a pas encore le nécessaire qu’il faut. Nous lui avons dit d’attendre, mais il s’est entêté pour aller ouvrir le bureau communal sous l’agrément de Mive-Finance à Djidja ». Il en ressort que la structure mère Mive-Finance Cotonou ne reconnaît pas avoir autorisé l’ouverture d’un bureau communal à Djidja. La confusion a gagné les cœurs des épargnants qui se demandent s’ils ne sont pas pris au piège. Le mercredi dernier par exemple, les responsables du bureau communal auraient demandé aux épargnants de se regrouper à l’arrondissement de Mougnon afin de recouvrer leurs fonds, a confié une victime qui informe qu’ils sont restés en attente durant plusieurs heures sans suite. Toutes les tentatives pour contacter par appel téléphonique les responsables se sont révélées vaines. L’angoisse est réelle. Les épargnants sont toujours en attente de recouvrement de leurs fonds. Mais les autorités doivent très rapidement jouer leur partition pour éviter une autre situation chaotique à Mougnon à cause d’une faille dans les services d’épargne publique.
Brivaël Klokpê Sogbovi