Affaire Vol de pagne, de garde à vue et de remise en liberté de détenus à Karimama : À Kompa, le commissaire Maxime Adjidowé soupçonné de corruption

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Avec un vaste réseau d’hommes et de femmes engagés au service de l’information publique, le groupe de presse Le Potentiel initie et conduit, avec tact et professionnalisme ses projets d’investigations. Dans ce registre, aucune région du Bénin n’est laissée en rade. Début février 2024, le service alerte du Département enquête et Investigation (Dei) du groupe de presse Le Potentiel est mis au courant de plusieurs cas d’abus d’autorité, d’abus de pouvoir, de corruption et de rançonnements dans plusieurs unités de police dans les départements de l’Alibori, l’Atacora et de la Donga.

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Le seuil des points rouges de ces faits concerne particulièrement les unités de police frontalière. Cette information a motivé le déploiement de trois (3) différentes équipes du Département enquête et Investigation (Dei) du Groupe de presse Le Potentiel pour infirmer ou confirmer les allégations contenues dans les dénonciations dont le service alerte a été destinataire. Le Dei a accordé une attention particulière à cette enquête en raison de la menace terroriste à laquelle le Bénin fait face au niveau de ses frontières avec le Niger et le Burkina Faso surtout avec des frappes sporadiques des individus armés non identifiés (IANI).

Le présent article est le premier d’une série de productions à l’allure des révélations que le Dei vous fera lire sur le temps.

Une affaire de vol qui vire à la corruption et à l’abus de fonction au commissariat de Kompa

Kompa est une localité de la commune de Karimama. Le commissariat de Kompa est sous les ordres du commissaire Maxime Adjidowé. Au Dei, le principe du professionnalisme oblige à ne pas se fier uniquement aux dénonciations. Pour élucider les dessous d’une approximation procédurale, l’équipe d’investigation du potentiel s’est rendue à Kompa, situé à moins de 50km de Karimama.

Accéder à cette localité n’est pas chose facile en raison de l’état des voies d’accès. Sur le tableau de bord des journalistes dépêchés sur le terrain, il s’agit d’élucider au commissariat de Kompa des soupçons de corruption autour de l’embarcadère où les propriétaires déclarent verser chaque semaine un montant forfaitaire 5.000F. L’équipe du Dei arriva à Kompa dans la matinée du 15 avril 2024. Aussitôt, les journalistes commencent leur travail de collecte d’informations.

Mais dans la soirée de ce 15 avril, alors que l’équipe faisait le debriefing des interviews et des preuves collectées, un autre fait retient les attentions. Le commissariat de Kompa venait de procéder à l’interpellation d’un bouvier dans une affaire de vol de pagne. Sur place, une source informe que la procédure observée par les autorités du commissariat de Kompa est à contorsion alambiquée. C’est alors qu’avec les yeux de lynx et les oreilles grandement ouvertes, l’équipe dépêchée à Karimama a commencé à suivre la procédure.

Quelques heures auront suffi pour se rendre compte qu’effectivement le sieur Manou Kiba, âgé de 33 ans, a été placé en garde à vue pour avoir volé des pagnes chez sa marâtre qui est d’ailleurs sa tutrice. Dans le panier des informations collectées, il ressort qu’une dame dont nous taisons le nom aurait été citée comme receleuse dans cette affaire de vol. Dans la foulée, elle est interpellée et gardée à vue pendant des heures avant d’être libérée après paiement d’une « rançon » selon les termes de ses proches. Que s’est-il passé dans ce dossier de vol dans lequel des fonds seraient payés pour obtenir la libération des mis en cause ?

Abus de fonction et soupçons de corruption

Dans cette affaire de vol de pagnes qui a abouti à la mise en garde à vue sous les ordres du commissaire de Kompa, Maxime Adjidowé, le procureur de Malanville, territorialement compétent et directeur de l’enquête n’a jamais été informé. C’est ici le hic dans ce dossier de vol. De façon concrète, le choix de ne pas tenir informé le procureur constitue un abus de fonction qui par ailleurs est une faute imputable au commissaire Maxime Adjidowé.

Pis, nos sources sur place indiquent que la dame soupçonnée d’être receleuse de pagnes volés a bénéficié des grâces du commissaire. Les parents de la dame accusée d’être receleuse disent avoir remis une enveloppe de trente mille (30.000) F au commissaire Maxime Adjidowé avant d’obtenir la libération de cette dernière. Or, la dame a été gardée à vue pendant des heures sans mention dans le registre des gardés à vue. Il n’était pas possible de repérer le nom de la dame dans le registre. Par contre, pour le principal voleur, le sieur Kiba, sa garde à vue a fait objet de mention dans le registre. Sauf qu’ici encore, aucun compte rendu n’a été fait au procureur en violation du code de procédure pénale (CPP).

Les faits enlisent davantage le commissaire de Kompa quand on se rend compte que le voleur placé en garde à vue du 15 au 17 avril 2024 a bénéficié d’une remise en liberté avec contrainte de se présenter tous les jeudis comme dans une juridiction normale. Le commissariat est-il devenu un tribunal ? Ce choix du commissariat de Kompa sonne comme si le commissaire est devenu un procureur ou un juge qui poursuit le voleur de pagnes sans mandat de dépôt alors même que cela ne relève pas de son ressort.

Les confessions du commissaire Adjidowé

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Lors de l’enquête et au nom du principe du contradictoire, l’équipe du Dei a joint le commissaire Maxime Adjidowé avec une série de questions. Ici, le commissaire nie avoir reçu de l’argent avant de libérer la dame accusée d’être receleuse et le voleur. Le commissaire Maxime Adjidowé justifie cette mesure de libération par l’intervention d’un ancien deuxième adjoint au maire de la commune de Karimama.

Dans la suite des échanges, il met à disposition de l’équipe du Dei le contact de cet homme politique pour toutes fins utiles. Selon le commissaire, seul cet adjoint au maire a été son interlocuteur dans ce dossier de vol de pagnes.

Notre équipe rappelle avec insistance au commissaire que les fonds à lui versés ne proviennent pas de l’acteur politique, mais plutôt des parents des personnes placées en garde à vue. Silencieux par moment et évasif l’instant d’après, le commissaire Maxime Adjidowé dira que l’argent a peut-être été remis à quelqu’un qui n’a pas atteint sa destination finale.

Le commissaire de Kompa finira par faire une promesse à notre équipe d’investigation. En début d’après-midi du vendredi 19 avril 2024, Maxime Adjidowé a promis investiguer sur cet aspect du dossier et reverser les conclusions de son investigation au Dei de Le Potentiel. Mais la rédaction n’a plus eu de suite jusqu’à l’heure où mettons sous presse cette information.

Dans le fond, le commissaire répondant aux questions de l’équipe du Dei sur le reproche d’abus de pouvoir a reconnu que c’est une faute professionnelle de n’avoir pas rendu compte au procureur ni de l’affaire ni de la garde à vue jusqu’à la libération des mis en cause.

Le commissaire a-t-il pu oublier d’un coup les dispositions de l’article 21 du Code de procédure pénale : « Les officiers de police judiciaire sont tenus d’informer sans délai, le procureur de la République des crimes, délits et contraventions dont ils ont connaissance. Dès la clôture de leurs opérations, ils doivent lui faire parvenir directement l’original ainsi qu’une copie certifiée conforme des procès-verbaux qu’ils ont dressés, tous actes et documents y relatifs lui sont en même temps adressés. Les objets saisis sont mis à sa disposition. Les procès-verbaux doivent énoncer à peine de nullité absolue, la qualité d’officier de police judiciaire de leur rédacteur » ?

Dans le même sillage, le commissaire Maxime Adjidowé a-t-il pu oublier d’un coup que l’article 18 de la Constitution béninoise dispose que « nul ne peut être détenu pendant une durée supérieure à 48h que par la décision d’un magistrat auquel il doit être présenté »?

L’action corrective du procureur et de l’inspection de la police

Les faits sont assez graves et interpellent les autorités sur la chaîne pénale. Au nom de la veille citoyenne, au nom de la transparence et de la vérité, l’inspection de la police judiciaire et le directeur général de la police républicaine Soumaïla Yaya doivent engager une action pour mieux comprendre ce qui s’est passé réellement dans ce dossier de vol de pagne. L’argent a-t-il réellement circulé ? Si oui, qui sont les corrupteurs et les corrompus au niveau du commissariat de Kompa ?

Par ailleurs, le procureur de la République de Malanville doit engager une action au pénal pour abus de pouvoir qui est un délit prévu et réprimé par le Code pénal. Le Dei n’est qu’à ses débuts de publications. Selon un agenda propre, le Dei du Groupe de presse Le Potentiel fera une série d’articles sur ce qui se passe au niveau des frontières et de certains commissariats au Nord Bénin.

Dans cette région par exemple, nos équipes ont constaté qu’un chef d’unité (commissaire) a transformé le véhicule de commandement en un véhicule privé en faisant le commerce de l’alcool et d’autres divers avec des images à l’appui.

Des cas de corruption et de rançonnements seront révélés par le Dei. C’est une façon de contribuer à la lutte contre le terrorisme en limitant le risque de favoriser l’entrée des terroristes venant de pays limitrophes sur notre sol. À suivre…

Brivaël Klokpê Sogbovi

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