
Graves soupçons sur des faits de détournement et de rétention illégale de frais de mission dans un Bataillon interarme à Dassa-Zoumè : Le chef du corps oppose un dilatoire à la requête de Le Potentiel
La plus vaste prison sur cette terre demeure celle de la conscience. Et l’homme n’échappe généralement pas à sa propre conscience. Il a beau tout fait, elle reste une partie de lui dont il ne peut se séparer. Dans le dossier qui ébranle le 5e Bataillon interarme basé à Dassa-Zoumè, il existe bien des raisons de croire que la conscience humaine dicte sa loi. Et de quelle manière ? La suite de l’article emporte la réponse. D’abord, levons le voile sur les contours de l’affaire indexée. Le Département enquête et investigation (Dei) du Groupe de presse Le Potentiel a reçu des alertes et des informations concordantes qui mettent en mauvaise posture le lieutenant-colonel William Ahandessi, Chef de corps du 5è Bataillon Interarme basé à Dassa-Zoumè. Les allégations visant ce militaire de haut rang portent sur de présumés faits de détournement et de rétention illégale de frais de mission aggravé par abus d’autorité. Selon des recoupements rigoureux, appuyés par des sources internes et externes, dans le cadre de l’organisation de l’examen national du certificat d’études primaires ( Cep) 2025, le 5è Bataillon Interarme de Dassa-Zoumè a mobilisé 285 militaires à la demande des autorités éducatives, aux fins de sécurisation et de surveillance des centres d’examen. Les informations recueillies par le Dei laissent comprendre qu’à la fin de cette mission, aucun des 285 militaires engagés n’a perçu aucun frais de mission alors même que leurs homologues policiers, ayant exécuté des missions analogues auraient été dûment rétribués. Certaines sources du Dei informent que les fonds nécessaires à l’indemnisation des militaires mobilisés auraient été décaissés depuis plusieurs jours et versés à qui de droit. Problème, aucun militaire n’aurait été payé jusqu’au 11 juin 2025, date où Le Potentiel a saisi par correspondance le lieutenant-colonel William Ahandessi dans le cadre d’une démarche contradictoire pour avoir des réponses à un certain nombre de questions.
Des questions précises de Le Potentiel au lieutenant-colonel William Ahandessi
Les faits évoqués plus haut et dont le Département enquête et investigation (Dei) s’est saisi sont assez graves. Étant entendu que ces faits, s’ils sont avérés seraient susceptibles de recevoir la qualification de détournement de deniers publics aggravé par abus d’autorité, infraction prévue et réprimée par les articles 338 et suivants du Code pénal béninois avec de lourdes implications disciplinaires, administratives et pénales. Par-delà, c’est l’image de toute l’institution militaire qui en serait écorchée. Un tel une délicatesse dans la démarche d’investigation journalistique. Raison pour laquelle, Le Potentiel, comme il en a l’habitude, s’est attelé à se soumettre au principe sacro-saint du contradictoire. Le 11 juin 2025, une correspondance meublée d’une série de questions a été adressée au lieutenant-colonel William Ahandessi, Chef du corps du 5è Bataillon Interarme basé à Dassa-Zoumè. Et ceci, pour honorer la démarche journaliste équitable et intègre qui se traduisent par le respect du droit légitime de réponse des personnes visées par des informations compromettantes. Il a été demandé au lieutenant-colonel William Ahandessi de confirmer s’il a mis à la disposition des autorités du ministère de l’enseignement primaire un effectif de 285 militaires dans le cadre de la sécurisation des centres d’examen du CEP 2025 dans le département des Collines. Le Chef du corps du 5è Bataillon Interarme devrait aussi attester, avec pièces justificatives à l’appui, si les fonds afférents aux frais de mission de ces éléments ont été dûment perçus. S’il répondait par l’affirmative, il devrait expliquer les raisons exactes pour lesquelles aucun paiement n’a encore été effectué en faveur des militaires concernés, et préciser la destination actuelle desdits fonds. Toujours dans l’ordre des questions posées par le Dei, William Ahandessi devrait dire si oui ou non, il existait une instruction ou une contrainte administrative qui l’aurait aurait empêché d’exécuter, dans les délais, le paiement dû aux soldats. Enfin, le Dei attendait du lieutenant-colonel William Ahandessi qu’il expose un plan urgent pensé ou en cours dont le but serait de régulariser les paiements si cela n’était pas effectué.
Silence-radio, la conscience en cause et le dilatoire

Faut-il le rappeler, le 11 juin 2025, en conformité absolue avec les prescriptions du Code de l’information et de la communication, le Groupe de Presse Le Potentiel, par l’entremise de son Département Enquête et Investigation, a adressé une correspondance officielle au Chef de corps du 5ᵉ Bataillon Interarme basé à Dassa-Zoumè dans le département des Collines. L’objet, une démarche contradictoire, préalable à la publication d’un dossier délicat mettant en lumière de présumées irrégularités dans la gestion des frais de mission dus à 285 militaires déployés dans le cadre de la sécurisation des examens du CEP 2025 dans le département des Collines. Une série de 5 questions est soumise au lieutenant-colonel William Ahandessi. Surprise ! 48 heures après le dépôt de la lettre laquelle, précisons-le, a été formellement réceptionnée par une militaire de sexe féminin d’environ trente ans, affectée au secrétariat du Bataillon que le lieutenant-colonel William Ahandessi, Chef de corps du 5ᵉ Bataillon Interarme, daigna nous contacter par voie téléphonique. L’échange, d’une durée exacte de huit minutes et cinquante-deux secondes, s’est déroulé sur un ton empreint d’une courtoisie feinte, dissimulant mal le malaise palpable de son interlocuteur face à la rigueur de notre approche. Cette conversation téléphonique cache mal une stratégie d’évitement. Le lieutenant-colonel, arborant fièrement son grade au creux de chaque syllabe, débuta l’entretien par une manœuvre singulière, il nous informa qu’il se trouvait au moment de l’appel en présence du Directeur Départemental de la Police Républicaine des Collines et de son adjoint. Il exprima le souhait de nous faire parler avec le DDPR. Nous avons décliné, opposant une fin de non-recevoir ferme mais respectueuse, dans la mesure où ce dernier n’est nullement concerné par l’enquête en cours. Pourquoi donc mobiliser une autorité policière extérieure à l’unité militaire concernée ? Cette mise en scène, car il s’agit bien là d’une mise en scène, semble moins relever d’une coïncidence que d’un calcul d’intimidation. Ici, convient de s’interroger avec toute la froideur qu’il sied. un officier supérieur, dûment interpellé par voie officielle, a-t-il réellement besoin de l’appui simultané de deux responsables policiers pour répondre à une demande journalistique de clarification ? N’était-ce pas là une manière de créer un effet de masse, une pression symbolique, un écran destiné à brouiller la ligne de responsabilité ? Autant de questions qui submergent nos esprits réflexifs au Dei de Le Potentiel de ce fameux appel téléphonique.
Incohérences et volte-face
Loin de répondre sur le fond, le chef de corps du 5è Bataillon Interarme basé à Dassa-Zoumè a préféré engager une digression pour contester la forme de l’enquête journalistique. Dans une séquence de l’appel téléphonique, il laissera entendre que le courrier à lui adressé aurait été « jeté en vrac », sans enveloppe, et aurait été lu par « tous les soldats ». Cette affirmation, pour le moins invraisemblable, ne résiste pas à l’épreuve des faits. Le document ( correspondance de Le Potentiel) a été déposé au secrétariat du Bataillon et présenté, sous enveloppe fermée, à une seule personne présente sur les lieux, la militaire susmentionnée, laquelle a ouvert l’enveloppe devant notre agent afin de signer la copie de décharge. Pris dans ses propres contradictions, le lieutenant-colonel réalisant qu’il faisait face à une rédaction rompue aux usages administratifs, s’est ravisé : « Là n’est pas le problème », finit-il par lâcher, éludant de fait le point qu’il venait lui-même de soulever. Ce retournement de posture, non sans panache rhétorique, laisse entrevoir une volonté manifeste d’esquiver toute réponse concrète, en noyant le débat dans des arguties protocolaires. Il nous enjoindra finalement, de manière laconique, de nous « adresser à sa hiérarchie », autrement dit à l’État-Major Général. Cette pirouette bureaucratique, habile dans sa forme mais vaine sur le fond, constitue une entrave manifeste au droit d’accès à l’information, garanti par les lois républicaines.
Le compte-rendu et l’analyse des propos tenus par le lieutenant-colonel William Ahandessi n’aide en rien à élucider ce dossier portant sur de présumés faits de détournement de deniers publics et rétention illégale de frais de mission. Il s’agit d’un faux-fuyant qui viole le droit du public à l’information. Les faits sont si parlants. 285 militaires ont été sollicités dans le cadre de la sécurisation des examens du CEP 2025. Cette mission a été effectuée avec des agents de la police républicaine. Les faits tels que rapportés par les sources du Dei renseignent qu’à la fin de la mission, des financiers sont venus payer uniquement les policiers sans remettre le moindre kopeck aux militaires. Faut-il le rappeler, ces militaires sont des pères et mères de famille avec des charges sociales à honorer. Pour la plupart des sources du Dei, le choix préférentiel de payer les policiers et de délaisser les militaires passe très mal. D’autres accusations graves font état de ce que les fonds dus aux militaires auraient été versés à la hiérarchie militaire. Sur ce point précis, le Dei attendait une franche collaboration du Chef de corps du 5è Bataillon Interarme William Ahandessi pour fait fondre les allégations. Au demeurant, le ministère de l’enseignement maternel et primaire, qui a organisé l’examen peut-il choisir de payer les policiers et choisir de ne pas payer les militaires sollicités dans le cadre d’une même mission ? Répondre pas la négation semble plus raisonnable que par la négative. Que s’est-il passé avec ces primes qui devraient être perçues par les militaires aussitôt la mission bouclée ? Alors que cette question demeure intacte, une leçon de philosophie nous appelle. Le bien d’autrui, si puissamment usurpé fût-il dans l’ivresse de l’instant, est inéluctablement repris par l’univers, au nom de l’équilibre, d’une manière ou d’une autre, souvent à l’heure où nul ne s’y attend.
