Santé/Anomalie dans le transport des aliments: Dr Ahouayito explique ce qu’est la dysphagie

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Dr Urbain Ahouayito aborde cette semaine un thème lié à des anomalies souvent constatées dans le transport des aliments de la bouche vers l’estomac. Il s’agit de la dysphagie. Le médecin généraliste présente ici les différents types de la déglutition.

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LA DYSPHAGIE

Docteur Dodji Urbain AHOUAYITO, MD

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  • Diplôme d’Université en ‘’Méthodes et Pratiques en Épidémiologie’’ (ISPED/ Université de Bordeaux)
  • Droit et Bioéthique (IRSP- CAQ/ Ouidah Bénin & Chaire UNESCO)

  

  • Qu’est-ce que la dysphagie

La dysphagie est une difficulté de déglutition qui résulte d’une anomalie dans le transport des aliments et/ou liquides de la bouche vers l’estomac. La cause de ce trouble peut être organique (obstacle physique) ou fonctionnelle (atteinte neurologique). Il ne faut pas confondre la dysphagie avec la sensation de boule dans la gorge, appelée « globus hystericus » qui n’est pas en lien avec une anomalie de la déglutition. Il est à noter que la dysphagie n’est pas une maladie, mais un symptôme.

  • Les différents types de dysphagie

Il existe plusieurs types de classifications :

  • Selon la localisation, on distingue:
  • La dysphagie oropharyngée (ou dysphagie haute) est causée par une difficulté à faire progresser les aliments de l’oropharynx vers l’œsophage. Elle peut impliquer un dysfonctionnement de l’œsophage. Les patients décrivent une difficulté à initier la déglutition, des régurgitations nasales et des fausses routes avec toux. Ce type de dysphagie est plus observé en cas de maladie neurologique ou d’atteinte des muscles.
  • La dysphagie œsophagienne (ou dysphagie basse) se traduit par une difficulté à propulser les aliments le long de l’œsophage. Elle est causée par un trouble de la motricité ou une obstruction.

  • Selon la cause, on distingue :
  • Dysphagie par lésions organiques de l’œsophage : obstacle, rétrécissement ;
  • Dysphagie par obstacles fonctionnels liés à un trouble de la motricité : ondes péristaltiques (contractiles) asynchrones, non-relâchement du sphincter œsophagien inférieur.

  • Par ailleurs, on différencie :
  • une dysphagie ‘’capricieuse’’ traduisant un trouble moteur déclenché par les émotions, l’ingestion de liquides trop chauds ou trop froids ;
  • une dysphagie paradoxale plus ressentie pour les liquides que pour les solides dont l’évolution est longtemps tolérée par l’organisme et ne provoque pas d’amaigrissement rapide ;
  • une dysphagie ne se manifestant que pour les aliments solides au début, puis évoluant de manière progressive sans rémission vers des aliments de plus en plus liquides, n’évoquant pas de lésion organique de l’œsophage.

  • Les facteurs de risque

 

Il existe des facteurs qui favorisent le développement des maladies responsables de dysphagie. Chaque maladie a ses propres facteurs de risque, qui ne sont pas communs à toutes les dysphagies. Globalement, sans distinction de cause, on retrouve souvent :

– la consommation tabagique ;

– la consommation alcoolique ;

– l’exposition à certains produits toxiques ;

– la prise de certains médicaments ;

– des traitements antérieurs par radiothérapie ;

– des hommes ou femmes de plus de 40 ans, selon la cause ;

– l’origine ethnique ;

– un antécédent de reflux gastro-œsophagien ;

– l’ingestion de produits caustiques ;

– le développement de certaines maladies générales telles que sclérodermie, maladie neurologique ou musculaire ;

– une hypercholestérolémie ;

– une hypertension ;

– des facteurs psychologiques tels que stress, contrariétés.

  • Les causes proprement dites 

Elles sont d’ordre organique et fonctionnel :

  • Les causes organiques :
  • cancer de l’œsophage
  • Conséquence du reflux gastro-œsophagien sur l’œsophage
  • Ingestion par accident de produits caustiques
  • Sténose post-radiothérapie
  • Sténose post-infectieuse
  • œsophagite infectieuse (bactérienne, virale, mycosique)
  • corps étranger (pièce de monnaie avalée par exemple)
  • Compression extrinsèque par une tumeur
  • Les accidents vasculaires cérébraux (AVC)
  • Certaines intoxications
  • carence en fer avec ou sans anémie

  • Causes fonctionnelles
  • achalasie ou un œsophage plus long que normalement : ceci entraine une absence ou ralentissement de la propulsion du bol alimentaire, le plus souvent associée à des troubles de la relaxation du sphincter œsophagien inférieur lors de la déglutition
  • maladie des spasmes diffus de l’œsophage, dysphagie variable, capricieuse souvent modérée avec sensation de gêne et douleurs rétro sternales
  • sclérodermie œsophagienne : souvent asymptomatique mais fréquemment responsable d’un RGO,
  • atteintes neurologiques ou métaboliques diffuses
  • somatisation de problèmes d’ordre psychologique

 

  • Les conséquences de la dysphagie

 

La dysphagie, mal ou non traitée, a des répercussions sur la santé du malade :

  • répercussions organiques
  • Fausses routes ;
  • Pneumopathie chronique ;
  • Infections pulmonaires ;
  • Détérioration de la fonction respiratoire ;
  • Dénutrition.
  • répercussions psychiques :
  • Anxiété associée au repas en raison de la peur de fausses routes ;
  • Isolement social ;
  • Perturbation de la prise des médicaments ;
  • Altération de la qualité de vie.

  • Traitement

 Le traitement de la dysphagie dépend de sa cause.

En effet, lorsqu’il est possible, la prise en charge du patient repose sur le traitement de la maladie ou du trouble sous-jacent, ou la suppression d’un traitement en cause.

Une rééducation musculaire peut être proposée au patient. Elle est effectuée par un ergothérapeute ou un orthophoniste, et repose sur la pratique d’exercices utiles au renforcement des muscles impliqués dans la mastication et la déglutition.

 Lorsque la dysphagie ne peut pas être traitée, la prise en charge vise à limiter les symptômes et les difficultés du patient, et à prévenir les complications. L’une des mesures proposées est l’adaptation de la texture des aliments. Souvent, les problèmes de fausse route se manifestent avec les liquides. Ainsi, il est préférable de :

  • Boire à la cuillère afin de limiter les quantités ingérées ;
  • D’épaissir les liquides avec des poudres épaississantes.

Par ailleurs, les repas peuvent être ressentis comme longs et fatiguant pour les patients et donc engendrer une diminution des apports alimentaires. Pour prévenir la dénutrition et la perte de poids, il est conseillé de fractionner les repas, plutôt 5 repas que 3.

À savoir : ceci ne dispense pas les patients d’une consultation médicale. Toute dysphagie nécessite une consultation médicale.

SWEDD

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