Affaire « Évasion de 2 détenus de la prison de Missérété » : Mandat de dépôt pour 4 fonctionnaires de police
• Au total, six agents attendent d’être jugés
Depuis l’évasion de deux détenus de la prison civile d’Akpro-Missérété au petit matin du 25 octobre 2020, cette affaire ne cesse de connaître des rebondissements. Le dernier épisode en date est la mise sous mandat de dépôt de deux régisseurs de prisons. Il s’agit du régisseur de la prison civile d’Akpro-Missérété, le lieutenant de police Léandre Sèdaminou et du régisseur de la prison civile de Cotonou, le capitaine de police Joël Fèliho.
Suspendus depuis le 29 octobre 2020 et mis aux arrêts de rigueur à la brigade criminelle la semaine dernière, les deux régisseurs de prison ont été présentés au procureur. Nos sources informent qu’après l’audition, le procureur a jugé nécessaire de placer les deux régisseurs sous mandat de dépôt. Cet avis du procureur a été acté par le juge des libertés et de la détention (Jld) autour de vingt-deux heures et trente minutes (22h 30) hier mercredi 18 novembre 2020. Empêtrés dans le même dossier, les deux gardiens en chef des prisons civiles de Cotonou et d’Akpro-Missérété ont subi le même sort que les deux régisseurs. Le mandat de dépôt décerné contre eux a également été acté par le juge des libertés et de la détention le même jour. Avec ces mandats de dépôt décernés hier mercredi, le nombre total d’agents envoyés en prison dans cette affaire d’évasion de détenus s’élève désormais à six (6).
Avant les deux régisseurs et les deux gardiens en chef, les deux chefs-cellules des deux prisons séjournaient depuis plus d’une semaine en prison. Les six agents poursuivis seront jugés dans quelques jours ou quelques semaines suivant la procédure d’instruction du dossier. Soupçonnés d’avoir aidé les détenus à s’évader, ces policiers risquent gros. S’ils sont reconnus coupables de complicité active ou passive de quelque nature que ce soit, les deux régisseurs, les deux gardiens en chef et les deux chefs cellules peuvent écoper d’une peine de prison comprise entre 6 mois à 3 ans et des amendes pouvant aller de 50.000 FCFA et 1.000.000 FCFA au terme des articles 421 et 422 du Code pénal béninois.
Rappel des faits
L’évasion de deux détenus à la prison civile d’Akpro-Missérété a été signalée le 25 octobre 2020. L’identité des deux prisonniers évadés est connue. Il s’agit de Aimé Sassi, militaire de grade caporal, âgé de 41ans. Il était détenu à la prison civile de Cotonou depuis le 2 octobre 2019. Il est poursuivi pour des faits constitutifs d’infraction de complot contre l’autorité de l’État. Le second prisonnier évadé a pour nom Judicaël Alozounhe. Âgé de 43 ans, il était en prison depuis le 27 mai 2018. Il est poursuivi pour deux différents faits et a deux différents mandats de dépôt. La qualification de l’infraction est liée à des faits d’association de malfaiteurs- vol commis avec port d’une arme apparente ou cachée même si l’arme est placée dans un véhicule motorisé.
Le second mandat décerné contre ce détenu porte sur des faits de détention, d’achat, de culture illicite d’un dérivé de la plante de cannabis autre que l’huile de cannabis pour consommation personnelle. Le récit de l’évasion des deux détenus est glaçant et suscite encore beaucoup de questions. Selon nos sources, le 23 octobre 2020 le capitaine de police, Joël Fèliho, alors régisseur de la prison civile de Cotonou a été informé que les deux prisonniers (Aimé Sassi et Judicaël Alozounhe) étaient en train de planifier une émeute ou un tohu-bohu dans l’enceinte de la prison. L’idée était de profiter du désordre occasionné dans la prison civile de Cotonou pour s’évader. Nos sources font savoir qu’après cette alerte, le régisseur Joël Fèliho a fait un compte-rendu à sa hiérarchie et au procureur territorialement compétent. Pour donc déjouer ce plan d’évasion, le régisseur de la prison civile de Cotonou a eu l’idée de transférer les deux prisonniers soupçonnés à la prison civile d’Akpro-Missérété ; laquelle prison est plus sécurisée que celle de Cotonou. Ayant obtenu l’accord de sa hiérarchie, le 24 octobre, le transfert des deux détenus a eu lieu sous l’autorité du gardien-chef de la maison d’arrêt de Cotonou. Nos sources qui relatent les faits précisent qu’à 12h 23min (cf. la décharge d’arrivée), les deux détenus, Aimé Sassi et Judicaël Alozounhe, ont été effectivement déposés à la prison civile d’Akpro-Missérété. Le 25 octobre tôt le matin, soit le lendemain de leur transfèrement de la prison civile de Cotonou, les deux prisonniers se sont évadés. Ici, il convient de rappeler que le constat fait renseigne que les deux prisonniers n’ont nullement endommagé la cellule dans laquelle ils étaient à la prison d’Akpro-Missérété depuis la veille, à leur arrivée. Un fait qui nourrit davantage les soupçons de connivence et de complicité. Des soupçons qui ont d’ailleurs justifié la mise sous mandat de dépôt des deux régisseurs, des deux gardiens en chef et des deux chefs cellules des prisons de Cotonou et d’Akpro-Missérété. À noter que le militaire de grade caporal évadé, Aimé Sassi a, lui, déjà été arrêté le jeudi 12 novembre 2020 par les éléments d’une unité spécialisée de la police républicaine. Il est, depuis, retourné en prison.
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