Médiations de Faure Gnassingbé dans les conflits : la CEDEAO et l’AES ont tous intérêts à s’en méfier

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La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a été un acteur clé dans la médiation des crises politiques et la promotion de la stabilité dans la région. Cependant, les comportements de certains chefs d’États entachent la crédibilité de l’institution et la met en difficulté.

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L’implication du Togo par exemple dans ces efforts de médiation soulève des questions sur sa crédibilité et son efficacité, étant donné que les  propres défis internes de ce pays en matière de gouvernance et de respect des droits de l’homme laissent à désirer.Le Togo, dirigé par la famille Gnassingbé depuis plus d’un demi-siècle, est souvent critiqué pour ses pratiques autoritaires. Faure Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005 après le décès de son feu père, Gnassingbé Eyadéma, a été plusieurs fois accusé de manipuler les processus électoraux, de réprimer violemment les manifestations et d’emprisonner les opposants politiques. Ces pratiques soulignent une gouvernance marquée par une faible démocratie et un respect limité des droits civiques. Est-il ainsi un bon exemple à suivre ?

Impunité et Corruption

Le Togo est souvent classé parmi les pays les plus corrompus au monde par des organismes internationaux comme par exemple Transparency International. La réputation de médiateur du gouvernement togolais est effectivement entachée par plusieurs scandales de corruption, les uns plus terribles que les autres.

En 2016, plusieurs juges togolais ont été impliqués dans des scandales de corruption. Cela a mis en lumière la faiblesse du système judiciaire et l’absence de mécanismes efficaces pour lutter contre la corruption.De hauts fonctionnaires et des politiciens sont régulièrement accusés de détournement de fonds publics. Mais combien d’entre eux ont vraiment été inquiétés et ont répondu de leurs actes devant la justice ?

Les marchés publics au Togo sont souvent attachés à la corruption, avec des contrats attribués sans appels d’offres transparents ou équitables. Cela se traduit par des projets d’infrastructures de mauvaise qualité ou inachevés, entravant le développement socio-économique du pays.

Les élections au Togo ont souvent été entachées par des allégations de fraude et de corruption. C’est le cas des dernières élections législatives et régionales ou des cas de fraude, de bourrage d’urne ont été dénoncés et abondamment relayés dans les médias et sur les réseaux sociaux avec des vidéos à l’appui. Malheureusement, les auteurs n’ont même pas été inquiétés.

La gestion répressive des manifestations, notamment en 2005 et 2017, où des centaines de Togolais ont été tués, est restée impunie jusqu’à nos jours. Il y a eu plusieurs incidents où les forces de sécurité togolaises ont été accusées de violations des droits de l’homme, y compris des actes de violence contre des manifestants et des détentions arbitraires. Combien d’entre les auteurs ont répondu devant la justice ?

Après le rapport de la cour des comptes, combien de personnes ont été interpellées et ont comparu devant la justice dans l’affaire « COVID gate »? Jusqu’à présent, les auteurs de ces actes ne sont pas traduits en justice, ce qui contribue à un sentiment d’impunité.

L’impunité et la corruption généralisée affaiblissent davantage la position du Togo sur la scène internationale. La persistance de ces problèmes internes reflète un manque de volonté politique pour instaurer des réformes démocratiques authentiques et rend le Togo peu crédible lorsqu’il appelle à de telles réformes chez ses voisins.

Crédibilité du Togo en Tant que Médiateur

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La réputation d’un médiateur est essentielle pour sa capacité à influencer positivement les parties en conflit. Les scandales récurrents du Togo affaiblissent sa position en tant que médiateur impartial et fiable. Les parties en conflit peuvent percevoir le Togo comme un pays où les normes de gouvernance et de justice sont compromises, ce qui peut diminuer leur confiance en son rôle de médiateur.

Les partenaires régionaux et internationaux peuvent être réticents à collaborer avec un pays dont le gouvernement est perçu comme corrompu. Cela peut limiter les opportunités du Togo de jouer un rôle de premier plan dans des initiatives régionales ou internationales de médiation.

Un médiateur efficace doit souvent servir de modèle de bonne gouvernance et de respect des droits de l’homme. Si le Togo est perçu comme un pays où l’impunité et la corruption sont endémiques, il sera difficile pour ses dirigeants de convaincre d’autres gouvernements ou groupes de l’importance de ces valeurs.Un pays qui ne parvient pas à garantir la paix et la justice chez lui peut difficilement être perçu comme un modèle ou un arbitre efficace dans les conflits régionaux.

Cas de Médiation Récentes

Les efforts de la CEDEAO pour stabiliser le Mali après le coup d’État de 2020 ont mis en évidence les défis internes de l’organisation. Le rôle du Togo, avec son historique de répression politique, a été critiqué comme hypocrite, affaiblissant la position de la CEDEAO et compliquant la médiation. C’est également le cas de la Guinée.Suite au coup d’État en Guinée en 2021, les efforts de médiation soutenus par le Togo ont été accueillis avec scepticisme.

La présence d’un pays avec un passé de gouvernance autoritaire et de violations des droits de l’homme a réduit la confiance des Guinéens dans le processus de médiation. Au Burkina Faso, la situation sécuritaire  nécessite une réponse coordonnée et crédible. La contribution du Togo, bien que présente, est souvent perçue comme insuffisante et entachée par ses propres échecs internes en matière de sécurité et de justice.

La perception du Togo comme médiateur est fortement influencée par son propre bilan en matière de démocratie et de droits de l’homme. Les autres États membres de la CEDEAO et la communauté internationale considèrent souvent le Togo comme un exemple à ne pas suivre, affaiblissant ainsi son influence et son autorité dans les processus de médiation régionaux.

Le Togo, avec ses pratiques de gouvernance autoritaire, ses élections controversées et sa répression des droits civiques, constituent un très mauvais exemple dans la médiation pour la stabilité politique des pays membres de la CEDEAO.

Pour que la CEDEAO renforce sa crédibilité et son efficacité dans la région, il est crucial que les États membres, y compris le Togo, adoptent des réformes démocratiques authentiques et respectent les droits de l’homme.

Surtout le Togo des Gnassingbé qui ne rate aucune occasion de tripatouiller la constitution pour trouver la formule de s’éterniser au pouvoir. Cela renforcerait non seulement leur position en tant que médiateurs crédibles mais aussi la stabilité et la paix à long terme en Afrique de l’Ouest.

Lolonyo Komlavi A.

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