Cherté généralisée de la vie : ce que personne ne dit encore !
À l’instar d’autres pays du monde, le Bénin est confronté à la criante crise alimentaire. La guerre russo-ukrainienne et la covid-19 sont avancées comme les causes majeures de cette crise dans la sous-région. L’objectivité devant être priorisée dans le traitement et la diffusion des informations sur cette conjoncture économique, votre média Le Potentiel a alors effectué une enquête exclusive et détecté la réelle cause de cette situation.
La famine à laquelle les foyers béninois sont confrontés trouve sa source dans l’insuffisance de la production agricole. Beaucoup de terres cultivables ne sont en effet plus remuées. La production agricole a considérablement baissé et ne suffit plus à faire face aux ventres affamés. Nombreux sont les braves gens qui s’accrochent désormais à l’exode rural, un phénomène dont l’un des principaux corollaires est la baisse de la production agricole.
Pour exercer l’activité de « taxi-moto » ou « Zémidjan » en langue fon, qui signifie « prends-moi vite », un grand nombre de citoyens a migré des zones rurales pour envahir Cotonou et Abomey-Calavi. L’expansion de cette activité au Bénin fait avancer par des observateurs que ce pays est l’un des berceaux du taxi-moto.
D’abord, il est important de préciser que le taxi-moto se répand à grande vitesse dans toute l’Afrique de l’Ouest. Cet article dans une démarche objective et impartiale expliquera l’origine de l’activité « zémidjan », les causes de son expansion et ses impacts socioéconomiques, sources de la famine généralisée.
Zémidjan, une activité de vieille date…
Des informations glanées auprès des personnes ressources, le taxi-moto est, selon la légende, le résultat de l’initiative d’un homme, Jules Ahotin, qui décida à la fin des années 1970 d’utiliser sa moto pour transporter les vendeuses d’akassa entre les champs et la ville, dans la région de Porto-Novo, la capitale administrative du Bénin. Ainsi, le phénomène a d’abord commencé par s’étendre peu à peu à toute la région de cette ville.
En clair, deux facteurs ont, au cours des années 1980, provoqué une amplification et une propagation importantes de « zémidjan ». D’après nos recoupements, il s’agit de la paupérisation massive de la population suite à la crise économique, et la faillite des sociétés publiques de transport. Aussi, la crise économique, résultat de la hausse des prix du pétrole et de la crise de la dette extérieure a-t-elle provoqué une crise de l’emploi salarié et un fort excédent de main-d’œuvre non qualifiée.
De même, la paupérisation générale de la population, due à une inflation galopante, a plongé des milliers de fonctionnaires, cultivateurs et artisans dans le chômage. Encore à cette population appauvrie s’est ajouté un afflux massif de travailleurs béninois renvoyés du Nigeria en 1977 et du Congo-Brazzaville en 1978. La plupart de ceux-ci étaient revenus avec des motos neuves achetées au Nigeria.
À cette première génération basée majoritairement dans les zones urbaines, s’ajoutent aujourd’hui sans cesse, des vagues de travailleurs, agriculteurs, entrepreneurs, agronomes, diplômés … attirés, au détriment de la culture de la terre, par l’activité « zémidjan » qui, à les en croire, génère des revenus élevés. « Pour avoir accès à cette activité, il suffit juste d’avoir une moto ou la louer grâce à des amitiés ou relations familiales fondées sur la confiance », a confié Rogatien à Calavi Parana, un Kêkênon originaire d’Agbangnizoun, qui a affirmé avoir la licence en géographie.
Ce métier est aussi un business commercial pour des personnes nanties. Ces dernières achètent et louent des motos aux jeunes désireux de faire le job contre le paiement en un an, en plusieurs tranches du double de leur prix d’achat.
L’impact malheureux du métier…
En raison de l’allure florissante du métier de « zémidjan » marquée par une augmentation incessante et incontrôlable du nombre de « zémidjanmans », des terres fertiles favorables au rendement important de produits agricoles sont confinées. La vallée de l’Ouémé qui est considérée comme la 2e la plus riche du monde est au repos, faute de braves jeunes pour la remuer et en tirer des produits de consommation pour les populations.
Mieux, l’exode rural qui s’observe et alimente ce métier non réglementé suscite le mécontentement au sein de la population. Les « Kêkênon » sont à tort ou à raison diabolisés en circulation. Aussi, sont-ils accusés d’être responsables de plusieurs maux tels que les accidents de la route, le banditisme, la pollution, le brigandage, les vols, la violence… L’image du conducteur de taxi-moto se dégrade ainsi, au point que nombreux travaillent loin de leurs lieux de résidence et se cachent même le visage afin de ne pas être reconnus.
Pendant cette période de conjoncture économique où la famine sévit amèrement, les gouvernants doivent donc penser à la régularisation de cette activité née de l’exode rural pour retourner les gens à la terre.
Gaëtan D.