Gestion calamiteuse des Coopératives d’aménagement rurales Car du Mono : des nids de crimes financiers

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La gestion des Coopératives d’aménagement rural est-elle saine? C’est la question qui a motivé le déploiement d’une équipe d’auditeurs sur le terrain. Le ministre de l’Agriculture ne pouvait plus rester insensible aux soupçons de mauvaise gestion qui accablent les administrateurs des Coopératives d’aménagement rural. Le gouvernement avait réussi, grâce à un plan de sortie de crise et des recommandations formulées le 20 septembre 2019, à relancer la bonne dynamique dans les 36 Coopératives d’aménagement rural (Car). Mais en dépit de tout, le vice continue de défier la vertu dans les gestions. Le mal est général et s’exprime avec singularité sur chaque CAR. Dans le département du Mono, le rapport d’audit produit par les auditeurs dépêchés par l’inspection générale des finances (Igf) a révélé des irrégularités énormes. Les conclusions des auditeurs, Arnaud Mensah (président) et Errol Toni (Rapporteur) décrivent des pratiques peu orthodoxes dans la gestion des Car de Houin, Agamè, Koudo et Agnito. Il s’agit d’un audit organisationnel, financier et comptable à charge qui révèle la persistance des pratiques sombres dans la gestion des Car en dépit de l’installation d’un conseil d’administration et d’un conseil de surveillance épaulés par l’Assemblée générale. Épinglés pour des faits de contrefaçons et des préjudices financiers énormes, les Car de Houin, Agamè, Koudo et Agnito dans le Mono sont dans une mauvaise passe. Dans le détail, le rapport des auditeurs renseigne sur la présence du Conseil d’Administration dans la gestion courante des Car, le défaut d’un contrôle régulier du conseil de surveillance, une gestion administrative assurée par un personnel technique recruté et non déclaré à la CNSS, des approximations dans l’archivage des documents, etc. En plus de ces mauvais points, les auditeurs de l’inspection générale des finances ont découvert un gouffre financier. Il existe dans les 4 Car du Mono auditées des irrégularités dans la gestion budgétaire. À Agnito, Houin et Koudo, aucun point d’exécution trimestrielle du budget ne se fait. À Agamè, la gestion budgétaire est marquée par des budgets primitifs dont la version définitive n’a jamais été rendue disponible. Dans toutes les quatre Coopératives d’aménagement rural du Mono, des « opérations non traçables exécutées» ont été mentionnées avec des préjudices financiers. Dans les détails, ces opérations non traçables exécutées portent sur un montant de 16.000.000 FCFA sur la Car de Houin, 29.232.680 FCFA sur la Car de Koudo, 21.113. 754 FCFA sur la Car de Agamè et 18.412.000 FCFA dans la Car de Agnito. Les opérations non traçables exécutées renseignent sur les pratiques de mauvaise gouvernance financière sur les deux dernières années dans les Coopératives d’aménagement rural du Mono. Le rapport d’audit laisse lire que la gestion comptable et financière se repose sur une comptabilité de caisse basique marquée par la non-tenue de certains documents clés exigés par le manuel de l’apprenant, etc.

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Au-delà du rapport de l’Igf

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Les experts de l’inspection générale des finances ont fait un travail impeccable pour dénicher les mauvaises pratiques qui ont cours dans les Coopératives d’aménagement rural de Houin, Agamè, Koudo et Agnito. À l’aune des résultats auxquels est parvenue l’équipe d’auditeurs, il n’y a plus de doute sur la qualité prohibée de la gestion des affaires dans les Car du Mono. Si le rapport a porté sur des faits précis, les acteurs des Car ont subtilement fait de la rétention d’information lors de la mission. Les Assemblées générales tenues entre le 14 et le 17 mars sur les quatre Car ont permis de révéler d’autres niches de fraudes financières. Des millions sont sans trace. Il s’agit des fonds gardés par les membres du personnel technique sans justification, la non-traçabilité de plusieurs millions FCFA liés aux primes des propriétaires terriens, etc. Mais le mal a une racine plus profonde. Selon plusieurs documents consultés par le département Enquête et investigation de votre journal, les mauvaises pratiques remontent déjà en 2021. En 2021, la directrice départementale de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche (Ddaep) avait attiré l’attention du de certains administrateurs des Car sur des résultats d’une mission de contrôle. En faisant le point des opérations d’abattage de plants de palmier, les membres du corps de contrôle ont découvert par exemple sur la Car d’Agamè l’indisponibilité des informations sur la liste des acheteurs des plans. Or, la mission de contrôle a révélé un écart de 2000 plants en croisant les chiffres avancés par les administrateurs. En clair, il s’agit des informations tronquées relatives au nombre de plants déclarés abattus par la Car et les constats pratiques. Aussi, est-il impossible de savoir qui sont les réels acheteurs des plants déclarés abattus ; les pièces justificatives liées au versement du droit d’abattage ne sont pas disponibles ; des écarts portant sur plus d’une trentaine de millions FCFA sont relevés en ce qui concerne les recettes déclarées sur les plants abattus et cédés aux acheteurs, etc. Par ailleurs, les mauvaises habitudes en ce qui concerne le maintien au poste des administrateurs dont le mandat est arrivé à expiration. En plus des modes de commercialisation contraires aux dispositions réglementaires qui fâchent, les coopérateurs militent désormais pour un renouvellement intégral de tous les administrateurs. Avec ces faits assez graves, les auteurs présumés devraient passer par la case justice. La Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET) est attendue pour jouer un rôle clé afin de faire rendre gorge aux criminels financiers et autres auteurs d’actes répréhensibles dans les Coopératives d’aménagement rural.

Brivaël Klokpê Sogbovi

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