Coopératives d’aménagement rural du Mono: CRIET et prison, des lieux d’atterrissage des gestionnaires voleurs

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Les efforts du gouvernement dans le secteur agricole et les résultats qui commencent à donner de l’espoir à tout un peuple sont désormais mis en sursis par la gabegie financière et l’opacité dans la gestion des Coopératives d’aménagement rural (Car). Dans le département du Mono, la pagaille organisée en bande par les gestionnaires sur les Car de Houin, Agamè, Koudo et Agnito a été mise à nu à la faveur d’un audit organisationnel financier et comptable. Les conclusions du rapport de l’inspection générale des finances (Igf) sont assez chargées.

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De gros trous financiers ont été relevés à cause des pratiques louches de certains responsables des conseils d’administration des Car sur la première la mandature des CA depuis la résolution de la crise fin 2019. Le crime financier porte sur plusieurs dizaines de millions FCFA. Le cumul du crime financier, et nous l’avons suffisamment démontré dans nos précédents articles, tutoie les 100 millions de francs CFA. Ce crime est lié aux opérations non traçables, à la décadence du service de comptabilité, des fonds illicitement gardés par le personnel technique. Au-delà du rapport de l’Igf, d’autres rapports documentés de la direction départementale de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche (Ddaep) du Mono, démontraient depuis 2021, des pratiques floues notées dans les opérations d’abattage de plants avec des informations tronquées avancées par les administrateurs de l’époque. Impossible de dire avec certitude les clients des Car. Des écarts concernant plusieurs dizaines de millions FCFA dans le cadre des recettes déclarées et l’indisponibilité des pièces justificatives liées au versement du droit d’abattage, etc. sont entre autres manquements relevés. C’est dans ce contexte de mauvaise gestion que le mandat des organes dirigeants des quatre (4) Car du Mono est arrivé à terme. Il s’agit des organes de gestion mis en place depuis 2020 pour une durée de trois ans. Le renouvellement des organes de gestion dont notamment des Conseils d’administration est bien régi par les textes règlementaires. L’article 94 des statuts dispose : « Les administrateurs sont élus en assemblée générale. Les administrateurs sont élus pour un mandat de trois ans renouvelable au tiers chaque année. Les deux premières séries sont désignées au sort. Le renouvellement se fait en suite par ancienneté. Les membres sortants ne sont rééligibles qu’après trois ans. Le remplacement est fait poste par poste pour les vacances enregistrées ».

Une AG et un renouvellement logique

Du 14 au 17 mars 2023, les coopérateurs sur les Coopératives d’aménagement rural de Houin, Agamè, Koudo et Agnito sont allés en Assemblée générale et ont procédé au renouvellement des bureaux. Les membres des assemblées générales ont opté pour un renouvellement complet des bureaux mis en place depuis 2020. La décision, rapporte nos sources, a été prise souverainement par les coopérateurs au regard de la  »souillure » qui couvre la gestion des membres en poste. Le rapport de l’Igf étant clair sur le crime financier imputable aux gestionnaires en poste, les Coopérateurs ont décidé de  »balayer » tous les criminels financiers épinglés et qui doivent rendre des comptes aux juridictions compétentes. Mais selon les informations distillées sur les réseaux sociaux, le choix opéré par les Coopérateurs serait contraire aux textes statutaires et se situerait aux antipodes des notes explicatives fournies par le ministre de l’Agriculture Gaston Dossouhoui quant à ce qui en est de l’article 94 sus évoqué. Si dans une lecture figée, les tenants de cette thèse peuvent emporter la conviction de quelques-uns, une lecture plus éclairée permet de mettre des bémols. Dans une coopérative où les gestionnaires sont accusés et épinglés de crime financier de plusieurs dizaines de millions FCFA, quel crédit ont-ils encore pour bénéficier de la confiance de leurs pairs, même au tiers de leurs membres ? Dans les bonnes conditions de gestion sans reproche, les coopérateurs n’auraient pas eu d’autres choix que d’appliquer à la lettre les dispositions de l’article 94 en renouvelant au tiers les membres. La situation dans les Car du Mono n’est pas similaire à celle qui prévaut dans les 32 autres Car. Les Ag et le renouvellement des membres des organes de gestion sont intervenus dans un contexte où la justice a des comptes à régler avec les gestionnaires. Devrait-on reconfirmer des truands ayant dilapidé des fonds publics sur les Car du Mono ? Le renouvellement total n’est-il pas un choix par défaut fait par les Coopérateurs réunis en assemblée générale ? Il y a une dose de moralité et de logique à mettre dans la lecture de ce choix des coopérateurs.

Le préfet Milohin, une cible innocente

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Depuis l’organisation des Assemblées générales sur les Coopératives d’aménagement rural en mars, le préfet du Mono, Bienvenue Milohin est devenu une cible à abattre. Sur les réseaux sociaux et via des médias, l’on tente d’attribuer les choix des Coopérateurs au préfet. Pis, il en serait curieusement l’instigateur s’il n’a pas donné sa caution. Notre équipe de rédaction, a conclu à une fake news, après les informations découpées, collectées sur le sujet. D’abord, le préfet n’est en rien impliqué dans un quelconque processus d’organisation des Assemblées générales et de renouvellement des bureaux des Coopératives d’aménagement rural. Dans les textes statutaires, règlementaires et autres, aucun article ne prescrit des rôles particuliers à une préfecture en ce qui concerne l’organisation des Assemblées générales. Ainsi donc, on se pose la question de savoir en quoi, une assemblée générale organisée et ayant abouti au renouvellement partiel ou total des membres d’un bureau de gestion sur une CAR peut être reliée au préfet du Mono Bienvenue Milohin. Les sources proches de la préfecture ont été catégoriques. « Le préfet Milohin ne s’est impliqué, à aucun moment dans l’organisation des Assemblées générales. Encore moins, il n’a jamais impliqué la préfecture dans cette affaire-là », a confié une source avisée du dossier. Pour une autre source contactée, le préfet Bienvenue Milohin a même refusé d’envoyer un représentant assister aux Assemblées générales. Avec ce démenti, les charges lancées contre le préfet devraient s’essouffler. Tant le choix des coopérateurs réunis en assemblée générale les engage et n’est imputable en rien à un préfet resté loin des affaires de renouveler.

Prison, la case appropriée aux truands

Depuis que le rapport de l’Igf est bouclé, les autorités compétentes ont pris connaissance des conclusions; lesquelles sont accablantes. Ces conclusions établissent des crimes financiers et des malversations, une gestion opaque des affaires. Les responsables des crimes sont connus. Il s’agit des membres de ces organes de gestion mis en place depuis 2020. Votre journal a d’ailleurs donné écho à ces conclusions contenu dans les rapports d’audit commandités et réalisés aux frais de l’État. On ne peut donc pas débourser de l’argent public pour financer des missions d’audit pour juste contempler les résultats accablants. Les acteurs de la chaîne pénale devraient donner une suite à ces rapports de l’Igf. Les notes de recommandation consultée par notre rédaction plaident pour qu’on envoie les gestionnaires épinglés devant la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET). En attendant les interpellations, cette affaire renseigne sur le manque de retenue chez certains béninois. Tu es auteu de crimes financiers et en attente dans le couloir de la prison, mais c’est toi qui viens revendiquer un maintien au poste au nom d’un renouvellement au tiers. Le Bénin a des valeurs !

Brivaël Klokpê Sogbovi

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