Évasion d’un détenu burkinabè de la prison civile de Cotonou: l’impunité règne, les flics coupables se protègent

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De la complaisance dans la gestion d’un cas d’évasion de prisonnier supposément retrouvé sur l’arbre d’un commissariat en pleine Ville. À Cotonou, cette information distillée sur les réseaux sociaux et malheureusement reprise par certains médias a vite l’allure d’un fait divers. D’ailleurs, les recoupements effectués avec justesse par le journal Le Potentiel ont tôt fait de détricoter ce tissu de mensonges conçu pour camoufler une faute lourde dans la garde des maisons carcérales au Bénin.

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Depuis l’évasion et jusqu’à ce lundi 20 mars 2023 où nous mettons sous presse, il n’existe aucune trace du fugitif, le prisonnier burkinabé arrêté pour une affaire de vol de moto avec d’autres Béninois et condamné à 36 mois de prison. Mais depuis, rien de sérieux ne se fait pour sanctionner les coupables de cette faute lourde. De l’observation faite ces dernières années, c’est la première fois au Bénin qu’un prisonnier s’évade et personne n’est privé de liberté. Tous les agents responsables de la garde de la prison civile de Cotonou et surtout ceux qui étaient en poste au moment de l’évasion sont en liberté. Tout se passe comme si le Bénin est retombé dans un régime de laisser-aller où toutes les fautes, même les plus graves sont passées par perte et profit. Qui donc protège les agents en charge de la sécurité à la prison civile de Cotonou ?Pourquoi depuis l’évasion de ce prisonnier burkinabé, personne n’a été mis véritablement aux arrêts ? Or, dans bien d’autres cas similaires, les sanctions claires et extrêmes ont été prises. On se rappelle, le milliardaire Ouedraogo fait prisonnier, a sollicité une sortie sanitaire mais s’était retrouvé dans son hôtel à Cotonou alors qu’il était attendu en consultation à Porto-Novo. Sur le champ, l’agent responsable de sa sécurité a été mis en prison. On se rappelle aussi qu’après l’évasion de Wilfried Ayatodé du Cnhu-Hkm, l’agent en charge de sa sécurité a été immédiatement mis aux arrêts et est actuellement en prison tout comme le chauffeur personnel et une autre dame. Dans ce seul cas, il y a au moins trois arrestations. Quand l’ancien maire d’Abomey-Calavi Georges Bada s’était évadé de prison toujours depuis le Cnhu-Hkm, au moins 5 personnes ont été arrêtées et certains ont écopé de 6 mois de prison. On se rappelle aussi, il y a quelques mois, lorsqu’il y a eu des cas d’évasion à la prison civile d’Akpro Misséreté et autres à Cotonou, des têtes sont tombées. Des mesures d’emprisonnement des régisseurs des prisons avaient été prises. Avec ce précédent, il est incompréhensible que depuis l’évasion du prisonnier burkinabé, qu’aucune personne n’a été présentée au procureur de la République. D’abord, par le truchement d’un mensonge grotesque, on a tenté de camoufler l’affaire. Mais grâce au travail d’investigation du quotidien Le Potentiel, le pot-au-rose a été révélé. Mais aucune mesure forte n’est prise pour sanctionner les flics coupables de cette erreur grossière. Selon nos sources, l’agent du nom de Segla qui a été mis aux arrêts de 8 jours dans l’affaire, a été remis en liberté le samedi dernier. Les mêmes sources annoncent qu’un autre agent, son collègue, Carlos Ayissi, devrait aller le remplacer pour 8 jours d’arrêt de rigueur. Ce tour de prison militaire par rotation est visiblement la sanction revenue par la hiérarchie contre tous les agents concernés qui étaient de garde le jour de l’évasion. Mais au-delà de cette procédure disciplinaire, plus rien. Il n’y a aucune sanction pénale envisagée. Or, si aucune sanction pénale n’est prise dans ce cas d’évasion, il serait préférable de libérer les autres agents jetés en prison dans ses cas d’évasion de prisonnier. Sinon, le deux poids deux mesures deviendrait la règle. Car dans ce dossier d’évasion du prisonnier burkinabé, ça sent vraiment de l’impunité à haute dose. Et l’impunité dans ce type de dossier ne va faire que renforcer l’insécurité du fait de la négligence des agents de sécurité. « Je peux laisser un prisonnier s’évader de prison. Juste après 8 jours d’arrêt de rigueur, je reprends ma liberté et rien ne se passera». Cette phrase va faire école dans le rang des flics. Et personne ne sera à l’abri des conséquences d’une négligence des agents de sécurité. Les cas d’évasion remettent en cause le professionnalisme des agents de sécurité. Les sanctions proportionnelles à la faute devraient être prises pour mettre un terme à la pagaille. L’administration pénitentiaire doit non seulement faire sa mue mais aussi actionner le levier de la sanction pour éviter les failles qui font des prisons de véritables passoires à gros trou pour des évasions. Nous y reviendrons.

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