Bureau d’embauche unique au Port autonome de Cotonou: les sociétés de relevage exclues, un drame social en vue

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Mal donne au Port autonome de Cotonou. Entre les autorités en charge de la gestion du port et les sociétés de relevage agréées, la communication est quelque peu brouillée. Un seul objet au cœur du différend : la mise en œuvre de la réforme du Bureau d’embauche unique (Beu)-Gie au Port Autonome de Cotonou sur les plateformes logistiques. Sur la chaîne portuaire, ça murmure et ça parle. Les acteurs lésés n’en peuvent plus et ont décidé d’alerter qui de droit. En effet, « depuis le 1er mars 2023, les intérêts des sociétés de relevage et ceux de leurs interfaces appelées les chefs d’équipes des sociétés de relevage sont menacés », font savoir les syndicats habilités des ouvriers desdites sociétés. Mais pourquoi donc ? Les porte-voix des ouvriers évoquent le décret n° 2022/522 du 14 septembre 2022 portant organisation de l’embauche et de la gestion de la main d’œuvre docker dans les ports et les plateformes logistiques portuaires en République du Bénin. Alors que l’implémentation de cette réforme devrait mobiliser tous les acteurs de la chaîne portuaire, les sociétés de relevage qui géraient les tâcherons ont tout simplement été exclues. Dans la pratique, le bureau d’embauche unique qui n’était qu’un bras technique du Gie s’est transformée en société au mépris des dispositions de l’article 2 du décret sus évoqué. Il est en effet mentionné à l’article 2 du décret que « le Bureau d’Embauche, Unique GIE est le seul organisme chargé de l’embauche, de la gestion et de la mise à disposition des structures utilisatrices, de la main-d’œuvre docker dans les ports, et sur les plateformes logistiques portuaires en République du Bénin, que ce soit les ports secs ou les plateformes logistiques portuaires ». Cependant, les sociétés de relevage ont été écartées dans le processus d’enrôlement des tâcherons. La situation perdure et crée une confusion. En résumé, les sociétés de relevage sont totalement exclues du GIE alors même qu’elles ont encore toute leur place dans les réformes en cours. Si l’idée cachée derrière cette exclusion des sociétés de relevage dans la mise en œuvre de la réforme du Bureau d’embauche unique est de les enrayer totalement du circuit, alors il apparaît évident que les auteurs de l’exclusion ne prennent pas la mesure du drame social qui se joue avec la mise en hypothèque de milliers d’emplois du secteur portuaire. Les sociétés de relevage ont fait leur entrée sur la chaîne portuaire dans la période post conférence nationale des vives dans les années 90. Depuis le 24 août 1996, un bureau d’embauche unique pour les activités de relevage (Bear) a été créé pour réguler le fonctionnement des acteurs opérant dans ce sous secteur sur la chaîne portuaire. Ce bureau a pour objectif l’inscription, le recrutement, le déplacement, la paie des ouvriers au guichet et la formation. Les sociétés de relevage ont donc été toujours organisées. D’ailleurs, toutes les 44 sociétés de relevage se sont regroupées en association dénommée Association des Sociétés de Relevage agréées par le Port Autonome de Cotonou (ASR-PAC). Par le décret N° 2022/522 du 14 septembre 2022 portant organisation de l’embauche et de la gestion de la main d’œuvre docker dans les ports et les plateformes logistiques portuaires en République du Bénin, les sociétés de relevage ont plus que jamais scellé les liens en fédérant les forces pour mieux organiser les activités portuaires. Malgré les prescriptions du décret, la bonne organisation et l’expérience de sociétés de relevage, les autorités du port sont loin d’accepter les associer à la mise en œuvre de la réforme du Bureau d’embauche unique. Les recours adressés aux autorités du port pour corriger le tir sont restés lettre morte. Pendant ce temps, des ouvriers de relevage sont enrôlés par le Beu sans aucune concertation avec les sociétés agréées. La peur gagne les cœurs et des pertes d’emploi s’annoncent avec des conséquences sociales insoutenables. L’application du décret avec l’intégration de sociétés de relevage ne serait que bénéfique pour davantage booster l’essor des activités portuaires au Bénin. Les acteurs décisionnels qui ont le sifflet en main savent quoi faire désormais.

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