Mauvaise gestion des ressources matérielles et financières à la Cena : Dge, siège d’un délit financier, Sacca Lafia, silencieux et blâmable

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Le peuple béninois serre déjà assez sa ceinture pour contribuer à l’œuvre de développement à travers le paiement des impôts. Parce qu’il consent d’énormes sacrifices, ce peuple n’est pas aussi prêt à laisser certains béninois siphonner allègrement l’argent public à la Commission électorale nationale autonome (Cena). Les informations soutenues par des preuves accablent depuis peu la Direction générale des élections (Dge), organe technique de la Cena. En cause, des ressources financières partagées entre copains et coquins pour prendre en charge leur nourriture. En effet, dans le cadre de la réception des matériels et documents électoraux des élections législatives de janvier 2023, un comité a été mis en place à la Dge et placé sous la coordination du Directeur général des élections de la CENA. Les incriminations sont devenues vives quand l’équipe d’investigation du journal Le Potentiel a découvert l’existence de la décision 2023 N°044/ CENA/ DGE/ DAF/ S portant autorisation de paiement du comité chargé de la réception des matériels et documents électoraux dans le cadre des élections législatives du 8 janvier 2023.

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C’est justement cette décision en date du 5 mai 2023 qui a permis que les fonds publics soient illicitement partagés. Ladite décision a été signée par le directeur général des élections Boucary Abou Soulé Adam. Au niveau de l’article 1 de la décision sus référencée, le comité chargé de la réception des matériels et documents électoraux dans le cadre des élections législatives du 8 janvier 2023 est composé comme suit : coordination générale, Boucary Abou Soulé Adam, Directeur général des élections (DGE) ; Comité chargé de la réception: Président : Raoul Hyppolite d’Almeida, personne responsable des marchés publics ; Rapporteur: Serge J. Houssou assistant de la PRMP. Pour le compte des membres de ce comité, on note Evelle A. Gomez, directeur des affaires financières de la Cena ; Rufin Domingo, directeur du matériel et des opérations ; Aristide B. Yagbo, directeur des systèmes d’information ; Mireille M. Mariano, Directrice de la communication et de la formation ; Curiace Yaovi Hadonou, contrôleur financier auprès de la Cena ; Moustapha Djigla, délégué du contrôle des marchés publics auprès de la Cena.

Au total, cette décision a permis aux neuf (9) membres du comité de recevoir, au mépris des règles, de l’argent public. Cette conclusion n’est pas gratuite. Elle se fonde sur des textes précis. Au titre de l’entretien des membres dudit comité, le Dge a autorisé le paiement des frais d’entretien pour deux (2) repas par jour. C’est ici que commencent les interrogations sur les faits de mauvaise gestion des ressources financières à la Dge. Que disent les textes qui encadrent la gestion des repas ? Le décret n°2007-155 du 3 avril 2007 en son article 4 précise que «L’obligation de prendre un repas et/ou celle de découcher sont établies par le simple fait que l’autorité ou l’agent de l’État s’est trouvé en déplacement pendant la totalité de la période comprise : entre onze heures et quatorze heures pour le repas de midi ; entre dix-neuf heures et vingt-deux heures pour le repas du soir ; entre zéro heure et cinq heures pour découcher ».

Ce décret a ainsi fixé les conditions pour faire bénéficier à des agents des frais de repas. Il est important ici de faire remarquer que la mission de réception des matériels et documents électoraux se déroule au sein de la Direction générale des élections. À ce titre, la condition que les agents se retrouvent «en déplacement» n’est pas remplie. Or, cette condition est expressément émise par le décret n° 2007-155 pour bénéficier d’une prise en charge. Pis, dans ce dossier, tout indique que l’on a voulu s’amuser avec les fonds du contribuable public béninois.

Est-il encore nécessaire de rappeler que dans le cadre des élections législatives, des primes ont été payées aux membres de la Cena en dehors des salaires habituels ? Bien évidemment, ces agents de la Cena ont pris régulièrement leurs salaires et perçu leurs primes. Le paiement des frais d’entretien de repas à ces neuf (9) agents qui ont déjà perçu des salaires et des primes est injustifiable. Cette situation rend compte malheureusement d’une situation dans laquelle des agents de la Cena ont été payés trois fois pour une même activité. Pour une même élection, ces 9 agents ont pris des salaires, des primes et par abus des frais d’entretien de repas. L’intelligence humaine peut servir à faire du bien. Parfois elle est utilisée pour assouvir des désirs malsains, comme  »mettre la main dans la caisse publique » pour se servir illicitement sous de faux prétextes et d’alibis frivoles. C’est visiblement ce qui s’est passé dans ce dossier de paiement de frais d’entretien de repas à la Dge.

Sacca Lafia, une responsabilité morale engagée.

Sacca Lafia, est le président de la Commission électorale nationale autonome (Cena). Figure de proue du Conseil électoral, organe politique, le président Sacca Lafia reste celui qui répond de l’institution en charge de l’organisation des élections. Quand bien même aucun membre du Conseil électoral ne figure sur la liste des bénéficiaires des frais illicites d’entretien de repas, le président Sacca Lafia ne saurait rester indifférent à la situation. Si les Béninois sont impatients d’entendre Sacca Lafia ou d’observer les effets de ses décisions dans ce dossier qui ébranle la Dge, ils devront encore garder leur calme. Depuis le début des révélations sur cette scabreuse affaire, Sacca Lafia garde un silence sépulcral. Pas de réaction ferme pour s’indigner. Aucun acte n’a été pris pour faire la purge à travers des procédures disciplinaires. Pas plus qu’aucune démarcation formelle suivie d’un appel à auditer la gestion à la Dge. Une passivité et un silence suspect qui laissent des interrogations dans la tête des Béninois. Sacca Lafia serait-il consentant des dépenses  »pagailleuses » engagées à la Dge ? Quand bien même Sacca Lafia n’est pas ordonnateur du budget, sa responsabilité morale est engagée d’une façon ou d’une autre. Cela, le président de la Cena le sait assurément.

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Au lieu d’une réaction ferme, nos sources informent que le président Sacca Lafia a préféré convoquer une réunion spéciale avec pour ordre du jour  »Le Potentiel ». Alors que l’on devrait s’attendre à un langage de vérité et des demandes d’explication adressées au Directeur général des élections sur les faits de mauvaise gestion financière dénoncés, nos sources informent que le président Sacca Lafia a plutôt encouragé une politique de rétention d’informations. Le Dge avait déjà usé de subterfuge lors de l’investigation pour refuser de répondre aux questions du Département enquête et Investigation (Dei) du journal Le Potentiel.

Au sortir de la fameuse réunion spéciale, le Dge a encore eu la caution de son patron, le Président du conseil électoral Sacca Lafia. «(…) Si le journaliste de Le Potentiel demande une information, dites-lui que j’ai refusé qu’on la lui fournisse (…)», paraphrase une source qui rapporte l’instruction qu’aurait donnée le président de la Cena Sacca Lafia lors de la fameuse réunion spéciale. La rétention d’informations à la suite d’une demande formulée par les médias est une violation de la loi. La Cena est une structure publique qui fonctionne sur la base des ressources mobilisées auprès du contribuable public à travers des impôts.

À ce titre, les informations qui concernent la Cena relèvent du domaine public et ne sauraient être frappées d’un sceau de confidentialité. À moins que les responsables de la Cena soient conscients de la boue puante qui entoure la gestion des fonds publics alloués et soient dans une logique de dissimulation des faits. Quoi qu’il en soit, les auteurs d’un black-out autoritaire sur les informations publiques ayant trait à la Cena pensent que nous sommes à Rangoon en Birmanie. Ici, c’est le Bénin, pays de démocratie où les populations jouissent du droit à l’information juste.

Par ailleurs, que l’on ne se méprenne pas sur la force des médias qu’il s’agisse du journal Le Potentiel ou d’autres organes de presse. On se rappelle, il y a quelques mois, un proche collaborateur du président Sacca Lafia qui était la PRMP de la Cena a été exclu pour une durée de 5 ans de la commande publique par l’Autorité de régulation des marchés publics ( Armp).

Aussi, un ancien collaborateur du président Sacca Lafia en l’occurrence, le régisseur du Cos-Lepi séjourne actuellement en prison pour des faits de détournement de fonds publics. Question : est-ce sur la base des informations du journal Le Potentiel que l’Armp et la justice ont fait le ménage autour du président Sacca Lafia ? Non, les irrégularités et les magouilles dans la gestion finissent toujours par se savoir.

Tant que l’argent des pauvres populations mobilisé à travers les impôts servira à payer tel ou tel autre acteur, les médias ont le droit de s’interroger sur la gestion. Sacca Lafia et tout le personnel de la Cena gagnent leurs salaires grâce à ces impôts. Aucune restriction ne devrait être posée quand les populations expriment, à travers des médias, le besoin d’avoir des explications sur la gestion. À suivre…

Brivaël Klokpê Sogbovi

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