Sécurisation du transport routier de marchandises : L’ANaTT innove avec l’émission des lettres de voiture électronique
Le Bénin franchit une nouvelle étape dans la modernisation du transport routier de marchandises. Une plateforme numérique, baptisée Système électronique de Gestion du Fret Routier du Bénin (SYGFR-Bénin), a été mise en place pour simplifier la gestion du fret. L’Agence nationale des transports terrestres (ANaTT), en partenariat avec l’Agence belge de développement (Enabel Bénin), a procédé, le mardi 18 mars 2025 à Cotonou, au lancement du deuxième module de cette plateforme, dédié à la gestion de l’offre de fret routier.
Un outil numérique au service des transporteurs
Avec le SYGFR-Bénin, l’ANaTT poursuit son ambition de moderniser le secteur du transport routier. Cette plateforme numérique vise à optimiser la gestion du fret en rendant les processus administratifs plus fluides et transparents. Elle permet de mieux coordonner les transporteurs et les chargeurs, favorisant ainsi une professionnalisation accrue du secteur.
Lors de son allocution, Richard Dada, Directeur général de l’ANaTT, a mis en avant les avancées dans l’émission des lettres de voiture électronique : « Plus de 13 centres d’identité de fret à travers le pays ont été formés et disposent désormais d’un accès au système. Dans la plupart d’entre eux, l’émission des lettres de voiture électronique a déjà débuté. »
Dans cette dynamique, les acteurs du secteur se réuniront prochainement pour planifier le déploiement des lettres de voiture internationale au port de Cotonou, en intégrant les transporteurs des pays de l’hinterland. Un test pilote de trois mois sera mené afin d’ajuster le dispositif, d’adapter les textes réglementaires et d’améliorer la répartition du fret avec les acteurs portuaires.
Un premier module déjà couronné de succès

Le premier module de SYGFR-Bénin, lancé en 2023, a permis la mise en place d’un registre numérique des transporteurs professionnels. Selon le Directeur général de l’ANaTT : « En une année seulement, le nombre de transporteurs enregistrés a bondi de 406 à plus de 1 500, soit une hausse de 269 %. De même, le nombre de véhicules recensés est passé de 1 400 à 46 000, dont plus de 15 000 appartiennent à des transporteurs béninois. »
Un projet soutenu par des partenaires internationaux
Pour Hervé Corbel, représentant d’Enabel Bénin, ce deuxième module est une avancée majeure : « Le lancement de ce module permet de mieux équilibrer l’offre de transport et l’offre de fret, tout en garantissant l’application des quotas entre transporteurs béninois et ceux de la sous-région. »
L’Union européenne au Bénin et Enabel Bénin réaffirment leur engagement à accompagner le pays dans l’aboutissement de cette réforme. Leur objectif est de garantir un démarrage effectif de SYGFR-Bénin dans les meilleurs délais, au profit de tous les opérateurs béninois.
Le gouvernement engagé dans la modernisation du secteur
Le gouvernement béninois considère le transport routier comme un levier stratégique de développement. Pourtant, plusieurs contraintes ont freiné son essor, rappelle Djamal Gbian, Directeur adjoint du cabinet du ministère du Cadre de vie et du Développement durable. Parmi ces difficultés figurent : Une organisation insuffisante entre les acteurs du fret, un dysfonctionnement du bureau de gestion du fret, une gestion encore trop manuelle des opérations, des risques de fraude, d’inefficacité et de conflits entre acteurs.
Face à ces défis, le gouvernement a engagé des réformes majeures, notamment : La modernisation du port autonome de Cotonou, la professionnalisation du métier de transporteur, la dématérialisation des procédures avec SYGFR-Bénin. « Cette solution numérique est un outil clé pour la professionnalisation du transport routier et l’intégration sous-régionale. Elle contribuera à fluidifier les transactions et à assurer la conformité avec les réglementations nationales, régionales et internationales », a conclu Djamal Gbian.
Avec le déploiement progressif du SYGFR-Bénin, le Bénin s’engage dans une transformation profonde de son secteur du transport, en phase avec les exigences de compétitivité et de transparence.
Médard CLOBECHI