Bénin : Environ 47 milliards pour juguler définitivement la pénurie d’eau potable à Cotonou

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L’eau est indispensable à l’homme dit-on. À son avènement en 2016, le gouvernement de la rupture en a fait une priorité. Après six ans de gouvernance, l’eau est-elle le bien le mieux partagé au Bénin ? Donner de l’eau potable aux populations d’ici 2024 est-il encore possible ? Ce sont les questions auxquelles Samou Séidou ADAMBI, Ministre de l’Eau et des Mines apporte des réponses à travers cet entretien réalisé lors de son intervention sur l’émission ‹‹ le Gouvernement en action ››.

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ORTB : Monsieur le ministre, nos populations n’ont pas de l’eau potable, nos populations manquent encore de l’eau à boire. Pourquoi cela, Monsieur le Ministre ?

Samou Séidou ADAMBI : L’objectif du gouvernement c’est de donner de l’eau à tous nos compatriotes donc tant qu’il reste un pan de la population qui n’a pas encore ce liquide précieux, pour nous, donc rien n’est fait ; même si des efforts ont été faits depuis 2016 à nos jours.
Il faut reconnaître que le creux était vraiment profond, très profond. On s’y est jeté, mais aujourd’hui, on a quand même fait des efforts louables. Que ça soit en milieu urbain ou en milieu rural. Même si aujourd’hui, à Cotonou, le manque d’eau est un peu criard, ça peut s’expliquer parce que la volonté du gouvernement d’impacter toute la population nous a amené à concevoir des projets gigantesques. C’est ça le cas de Cotonou pour lequel, aujourd’hui, l’appel d’offres est déjà lancé, avec l’appui de la Banque européenne d’investissement et de l’AFD, pour permettre à ce que nous réglions de façon définitive la question de Cotonou. Le gouvernement n’est pas resté seulement sur ce projet.
Les quartiers les plus touchés, difficiles, ce sont les périphéries de Cotonou à savoir: Fidjrossè et Godomey que nous mettons un peu dans la périphérie de Cotonou et PK 10. Pour Fidjrossè et Godomey, on a essayé de régler avec un projet que nous avons appelé « mesures d’urgence » et là, aujourd’hui, ça s’est amélioré même si ce n’est pas encore ce que nous voulons.
A Akpakpa, nous sommes également dans une autre mesure pour pouvoir atténuer la souffrance des populations en attendant que le véritable projet, qui est d’environ 47 milliards rien que pour la ville de Cotonou, ne démarre dans quelques temps pour soulager définitivement, d’ici deux ans, les souffrances en matière d’eau potable dans la ville de Cotonou.
C’est presque le cas partout sur le territoire national. Il y a des projets qui sont déjà terminés que vous avez couverts avec nous, que ça soit à Djougou, à Parakou, dans les collines et à Adjara. Et aujourd’hui, c’est terminé en milieu urbain et d’autres localités, également en milieu rural, sont terminées. On va dans cet élan pour permettre de pouvoir faire le point du trajet parcouru aujourd’hui par le gouvernement que çe soit en milieu rural ou en milieu urbain.

Si vous le permettez, on ira à la régie parce que là, vous avez parlé de Akpakpa. C’est au cœur de la ville de Cotonou où les populations n’ont pas de l’eau. Elles se plaignent chaque jour si vous voulez, suivez cet élément pour plus de précisions.
Citoyens :

1- Des fois, on trouve de l’eau ; des fois, on n’en trouve pas. Tous les matins, si on veut bouillir de l’eau pour préparer, il n’y a pas de l’eau.
On se débrouille comme ça et on souhaite que ça s’améliore, c’est tout ce qu’on veut.
2- Nous aimerions que les autorités puissent vraiment nous aider pour que nous, en tant que citoyens, nous ayons de l’eau propre.

ORTB : Vous venez de suivre cet élément-témoin en plein cœur de Cotonou, la métropole du Bénin. Alors qu’il a été indiqué que le taux de desserte nationale en eau potable en milieu urbain est de 70% en 2021…

En fait, ce n’est qu’un pan de la ville de Cotonou qui n’a pas d’eau potable. Je le disais tantôt, Cotonou, c’est la ville métropole, c’est la ville phare de notre pays donc nous avons conçu un projet important et avec l’accompagnement des partenaires que j’ai cités tantôt, nous allons régler définitivement la question. Le gouvernement n’a pas attendu que le projet démarre pour régler au moins la souffrance des populations. Pour celles qui sont à Akpakpa, je pense bien que d’ici le mois d’août, normalement, la situation devrait pouvoir s’améliorer parce que, depuis le mois de mars, on a lancé cette mesure d’urgence pour pouvoir atténuer un tant soit peu les difficultés de nos concitoyens en attendant la mise en œuvre du projet que nous appelons Cotonou 3. Aujourd’hui, les études sont terminées pour pouvoir apporter ce surplus qui manque.
En fait, c’est quoi le besoin de Cotonou ? Aujourd’hui, c’est environ 124 000 m3 d’eau par jour. Malheureusement, la production est de 84. Le gap est de 40 000 m3.
Donc, dans le cadre du projet Cotonou 3, avec les partenaires que j’ai cités tantôt, nous avons déjà fait réaliser les forages pour combler le gap. On est allé au delà des 40 000 m3 qui manquent ; et ce qui reste, ce sont les autres phases de mise en œuvre du projet dont les travaux de canalisation qui vont démarrer bientôt et de renforcement des deux stations de traitement, l’une à TOGOUDO au niveau de Carrefour IITA et l’autre à AKOSSOMBO que vous connaissez. Les deux seront renforcés pour permettre d’envoyer de l’eau directement à Akpakpa, au niveau du château d’eau. L’autre chose, c’est de connecter également de Porto-Novo et d’amener de l’eau à Akpakpa parce qu’Akpakpa se trouve en bout de réseau. Quitter AKOSSSOMBO pour arriver à AKPAKPA, c’est environ dix kilomètres, c’est très loin.
Et dites-vous, avec les travaux en cours dans la ville de Cotonou, les travaux d’assainissement, d’asphaltage et autres, nous avons subi trop de casses. Ce que la dame disait tantôt, c’est dû aux casses ; et l’eau qui quitte la station de traitement ne peut jamais être impropre, c’est de l’eau potable toujours mais dans le transport nous subissons de ces difficultés. Soit c’est une casse qui n’a pas été détectée et parfois jusqu’à l’heure-là il y a des casses qu’on n’a pas encore détectées. Donc, ça peut amener à ce que la dame a constaté parce que c’est tard dans la nuit, au moment où ceux qui sont au cœur de la ville, la zone juste avant la lagune, la zone ouest, c’est quand eux ils baissent en consommation que l’eau peut aller à Akpakpa. C’est donc entre 2h et 5 h du matin que l’eau peut aller là-bas. A 5h, tout le monde se met debout pour aller au boulot le lendemain, donc forcément Akpakpa manque d’eau. C’est ce qu’on vivait à Fidjrossè où ça a été atténué un peu. Au moins, avec ça, vous pouvez avoir de l’eau même si ça ne monte pas à l’étage pour l’instant. C’est ce que nous voulons également à Akpakpa : avoir en permanence de l’eau, en attendant que le programme démarre. Lorsque le projet va démarrer, tout au moins jusqu’au troisième étage, on doit avoir de l’eau parce que nos châteaux d’eau ont au moins cette hauteur d’aller jusqu’au troisième étage pour pouvoir couvrir entièrement Cotonou.
Nous voulons amener de l’eau de Porto-Novo pour renforcer le système d’alimentation en eau potable. Traverser la commune de Sèmè Podji et venir renforcer pour faire corps avec PK10 pour permettre que les deux zones puissent se ravitailler à partir de Porto-Novo.
Voilà ce que je peux vous dire par rapport à ce qui concerne Cotonou. Nous sommes à pied d’œuvre. Nous n’attendons pas que le grand projet démarre, mais nous pouvons trouver des solutions palliatives en attendant que la satisfaction soit totale.

L’autre ville où il y a assez de population, c’est bien sûr la ville d’Abomey-Calavi. Là aussi, il y a assez de plaintes. Est-ce qu’avec les travaux menés à ce niveau, ça pourra permettre de couvrir tous les besoins parce que Abomey-Calavi, c’est aujourd’hui une ville dortoir ?

Bien sûr ! La ville a été scindée en trois phases. La première phase est terminée, la deuxième également terminée, la troisième va démarrer bientôt. Nous avons fait un appel d’offres qui est, malheureusement, devenu infructueux parce qu’il y a des critères qui ont éliminé tous les soumissionnaires. Nous allons donc reprendre rapidement, peut-être trouver les voies les plus courtes pour pouvoir rapidement lancer ce qui va permettre aux populations de Ouèdo et toute la zone non impactée jusqu’ici d’avoir de l’eau parce que nous avons la ressource. C’est ça qui est important.
Ce que nous produisons aujourd’hui à Zinvié devrait pouvoir couvrir entièrement la ville sans aucun souci. Tout ce qui nous reste, c’est l’extension et la construction des ouvrages de stockage des châteaux d’eau et des bâches au sol. La production n’a aucun problème à partir de Zinvié, on n’a aucun souci pour couvrir entièrement Abomey-Calavi urbain parce que cette commune à été scindée en urbain et en rural. Le rural par exemple, c’est GLO-DJIGBE qui est impactée par l’Agence de l’eau en milieu rural que vous connaissez et puis, les autres villages qui ne sont pas très collés à Abomey-Calavi seront alimentés par l’Agence de l’eau pour couvrir entièrement la ville. C’est le même mécanisme partout où nous avons les centres urbains et les parties rurales.

Dans pratiquement toutes les villes du Bénin, la situation est presque identique. Vous avez annoncé dans le programme d’action du gouvernement de 2021 à 2026 que l’objectif, c’est de réaliser la disponibilité d’eau potable pour tous d’ici 2024 précisément. Est-ce qu’avec l’état des lieux actuel, même si des réformes sont engagées, des chantiers ainsi de suite, vous pensez pouvoir réaliser cet objectif en 2024 quand on sait que vous avez commencé depuis 2016 déjà ?

Oui ! Il faut reconnaître que les débuts sont toujours difficiles. 2016 a été d’abord l’année d’évaluation. En 2017, les premiers projets ont vu le jour et dites-vous que ce qu’on pensait et je l’avais déjà dit ici en 2020, les chiffres dont on disposait n’étaient pas exacts. On a dû d’abord corriger ces chiffres pour se rendre compte que le chemin était encore plus long que ce qui était prévu. Et là, nous sommes en train de faire notre chemin tout doucement et être sûr que, une fois terminé, tout le monde va être impacté parce que c’est l’objectif.
Certes, on était parti pour 2021 mais malheureusement l’homme propose, Dieu dispose et avec tout ce que vous connaissez, les situations à la fois intérieure et extérieure, la covid-19 et tout ce qui s’en suit, on n’a pas pu encore boucler. La covid-19, c’est pratiquement deux ans de fermeture des industries qui produisent des pompes par exemple. Lorsque vous prenez le projet d’alimentation en eau potable des trois villes des collines, on a été bloqué pendant deux ans. Les commandes sont parties mais, deux ans durant, n’ont pas pu être livrées. C’est maintenant que le chantier reprend tout doucement parce que le premier barrage est terminé, le second sera bientôt terminé aussi d’ci décembre. Les ouvrages sont presque terminés de même que les grosses canalisations qui sont presque terminées. Il ne reste que l’extension au cœur de la ville qui ne prendra pas plus d’un an. Nous avons donc été freiné pendant deux ans. C’est pourquoi nous repartons sur 2024 dans l’espoir que d’ici au plus tard décembre 2024 ou début 2025, tout sera entièrement fini ; et commencer maintenant par voir quelles sont les zones qui n’ont pas été couvertes et puis aller ratisser pour couvrir entièrement en un ou deux ans. Tout compte fait avant la fin du mandat, le pari sera tenu.

Vous avez trouvé la transition. C’est surtout par rapport au département des collines. Dans la commune de Savalou, les gens continuent de se plaindre. Aujourd’hui, la pluie, elle se fait rare dans cette localité et puis la population dit : « mais attend ! on va encore continuer à supplier l’Etat pour avoir l’eau ? ». C’est vrai, vous avez dit 2024. C’est déjà trop loin pour les populations. Elles ne vont pas attendre. Elles veulent boire de l’eau potable, Monsieur le Ministre ?

C’est vrai ! Savalou, c’est la première mesure d’urgence que nous avons eu à prendre pour environ deux milliards de francs CFA mais malheureusement, les forages n’ont pas tenu. Nous avons réalisé une quinzaine de forages que nous avons reliée mais, en un an, tout est parti. Les forages ne tiennent plus, c’est une zone de socle. Nous sommes tombés sur des réservoirs d’eau dont le renouvellement n’a pas été assuré avec les pluies successives qui s’en sont suivies. La décision a donc été prise, aujourd’hui, de partir du barrage de LIFFO qui est environ à 30km du centre de Savalou pour alimenter toute la commune.

Quelle est la capacité de ce barrage, Monsieur le Ministre ?

Douze million de mètre cube (12 000 000 m3). C’est le plus gros barrage en construction dans notre pays, dans la commune de Glazoué, dans le village de LIFFO. Les travaux de correction sont en cours pour être achevés en février, ensemble, avec les autres travaux pour les trois communes à savoir : Glazoué, Savè et Dassa-Zoumè. C’est de ce barrage que nous allons prendre de l’eau pour alimenter Savalou et alimenter tous les autres villages que nous allons traverser avant d’arriver à Savalou.

Alors, quelles solutions immédiates trouver pour sortir Savalou de cette situation, parce que les populations ne peuvent pas attendre ?

Les conduites, en fait, ne tiennent pas. La SONEB a été instruite avec le renfort de SATOM et le bureau d’étude IRGIB pour voir comment faire pour que les robinets ne restent pas à sec même si tout le monde ne peut pas avoir de l’eau au même moment. Savalou a déjà eu l’eau, et c’est là où c’est difficile. Pour quelqu’un qui a connu les yeux, devenir aveugle, c’est difficile à gérer contrairement aux populations qui n’ont jamais eu l’eau de robinet. Avec la saison pluvieuse qui a commencé, ça devrait pouvoir s’atténuer pour que d’ici février, Savalou soit connecté au barrage de LIFFO pour régler définitivement la question de cette ville.
L’autre barrage qui est celui d’AYEDJOKO alimentera toujours les trois villes.

Nous avons entre temps survolé le plateau d’Abomey. Là aussi, le problème du manque d’eau se posait avec acuité. Est-ce qu’aujourd’hui, on pourrait dire que les populations ne manquent plus d’eau potable, Monsieur le Ministre ?

On ne peut pas dire entièrement que les populations ne manquent plus d’eau potable parce qu’il y a le milieu urbain et le milieu rural.
Pour le milieu urbain, c’est réglé presqu’à 90%. Que ce soit à Abomey, Bohicon, Zakpota, Zagnanado, Djidja et Zogbodomey, c’est réglé. Il y a eu deux phases : la première phase a consisté à la mobilisation, la conduite et le traitement de l’eau. Puis la deuxième phase, à l’extension du réseau pour atteindre les populations qui sont installées en milieu urbain mais cela ne veut pas dire que d’ici deux ans, on ne va pas connaitre les gens qui n’ont pas d’eau parce que l’urbanisation continue et c’est ça qui sera du ressort de la SONEB. Le gouvernement aura fini ainsi en milieu urbain. La SONEB sera ainsi outillée et aura les ressources pour atteindre les populations là où elles sont installées tout en contrôlant l’urbanisation.

Il y aussi les villes comme Parakou où l’eau manque cruellement. Quel est aujourd’hui le sort de ces populations ?

Il ne faut pas dire que l’eau manque cruellement à Parakou. C’est en 2020 que nous avons réceptionné les travaux d’alimentation en eau potable de la ville, financés par la BOAD, l’Etat béninois et la SONEB. Nous avons donc réglé la question de la mobilisation. Nous avons fait une extension d’environ 360 km mais ça n’a pas suffi. On a encore projeté pour 600 km mais, malheureusement, l’entreprise avec laquelle nous avons contracté a été défaillante. Là également, la Direction Nationale du Contrôle des marchés publics nous a donné l’avis de résiliation. Nous avons résilié le contrat et, dans quelques jours, nous allons procéder au recrutement d’une nouvelle entreprise qui va faire l’extension puisque là-bas c’est de l’extension seulement qu’il s’agit.
Dans tous les projets réceptionnés, c’est Parakou qui a la plus grande quantité d’eau disponible, aujourd’hui. La ressource existe et est disponible en quantité suffisante. C’est l’extension dans les quartiers périphériques qui reste pour atteindre les zones qui n’ont pas été impactées.
Parakou, c’est l’urbanisation pas très bien contrôlée où les gens sont isolés ; et la SONEB est obligée de faire des canalisations pour 4 ou 5 ménages sur des centaines de kilomètre, ce qui n’est pas rentable. C’est pourquoi le gouvernement a pris ça pour réaliser le projet et remettre la gestion à la SONEB, avec un souci de maîtrise de l’urbanisation dont je parlais tantôt pour faciliter donc l’accès des populations à l’eau et même à l’énergie parce que la viabilisation c’est l’eau et l’énergie, et les routes par la suite.

On ira à Djougou, Natitingou pourquoi pas à Tanguiéta, parce que ce sont des zones où les populations se plaignent aussi…

Bien sûr. A Djougou, c’est le même problème qu’à Parakou. On a réceptionné les ouvrages depuis 2018, mais, malheureusement, l’extension n’a pas suivi. La ressource est disponible mais il reste l’extension.
Les villes que nous avons citées ici n’ont pas les mêmes problèmes. Que ce soit à Abomey-Calavi, Cotonou, le plateau d’Abomey, Parakou, Djougou, ce sont des villes qui ont connu déjà une première phase en ce qui concerne la mobilisation de la ressource qui est aujourd’hui disponible. Pour Djougou, ce qui reste, c’est de pouvoir atteindre les populations qui, jusqu’ici, n’ont pas eu accès à ça parce qu’elles ont vu l’eau chez elles dans les robinets mais elles n’ont pas accès à ça dans les périphéries. C’est plus facile puisqu’il s’agit là de faire l’extension.
Lorsqu’on quitte là, on entre maintenant dans les zones les plus difficiles, c’est ce que nous appelons « autres ».
Dans notre appellation de la dénomination des projets les « autres », ce sont les communes qui n’ont pas encore eu une première phase comme, par exemple, Natitingou qui est une zone extrêmement difficile.
Natitingou est alimentée par deux sources : les forages et une retenue d’eau qui, malheureusement, à chaque saison fait le plein en boue. L’eau est renvoyée par la boue. On fait le curage et la saison qui suit, la boue reprend sa place. Ça fait qu’on a décidé de redimensionner et même de déplacer l’ouvrage pour pouvoir avoir cette eau en permanence. Parce que nous sommes en milieu de socle, les forages ne peuvent pas traverser la saison sèche entièrement, c’est pas évident. On peut les exploiter en saison pluvieuse mais en saison sèche, il n’y a pas possibilité, ça ne tient pas. C’est la difficulté que nous avons à Natitingou. Ça fait partie donc des projets pour lesquels les études sont presque terminées. On va lancer la réalisation des forages, ça fait environ 81 forages pour les communes de Natitingou, Toucountouna, Péhunco, Copargo, Ouaké et les environs. 81 forages vont être lancés pour couvrir ces zones sachant bien que Natitingou et Tanguiéta vont être renforcées par les eaux de surface pour garantir deux possibilités. Dès que les forages ne vont pas tenir, on a recours, en même temps, aux eaux de surface parce que la difficulté des eaux de surface est que le traitement est lourd et coûteux. Ça coûte très cher alors que pour les forages en milieu de socle, le traitement n’est pas lourd mais aucune certitude que vous allez avoir de l’eau en saison sèche parce que vous ne pouvez pas savoir est-ce que c’est une poche qui peut se renouveler en saison de pluie ou pas, on ne sait pas.
Nous avons toujours deux options : aller avec les eaux souterraines et si, après un ou deux ans d’exploitation les forages ne tiennent pas, on n’a pas d’autre choix que d’aller avec les eaux de surfaces même si cette option est plus coûteuse. L’objectif du gouvernement, c’est de tout mettre en œuvre pour que l’eau soit accessible à tout le monde, même aux plus pauvres.

Vous avez parlé des plus pauvres. On va quitter les villes pour aller au village. Là-bas, nos parents ont l’impression qu’ils sont relégués au second rang et parfois ils achètent cette eau plus chère qu’en ville…

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Il faut reconnaitre qu’en milieu rural, nos parents achètent le m3 à 2000 francs CFA. La bassine leur est vendue à 25 francs CFA, le bidon de 50 litres leur est vendu à 100 francs CFA. Et donc, pour arriver au mètre cube, vous devez débourser deux mille francs CFA. Or, en milieu urbain, dans le même pays, ça ne dépasse pas 500 francs CFA.

Qu’est-ce qui explique cette situation ?

C’est normal parce qu’il n’y a pas d’eau. Et pour vivre, il faut de l’eau ; donc quel que soit le prix, les gens sont prêts à le faire.
Ce que le gouvernement a décidé de faire, c’est scinder la question de l’eau potable en deux : le milieu rural, aujourd’hui, géré par l’Agence de l’eau. Vous avez suivi avec nous que tout le mécanisme de gestion des ouvrages en construction est presque déjà terminé. On va passer en conseil pour permettre aux opérateurs de démarrer. Les contrats sont déjà signés, le conseil va valider ; ce qui va permettre aux opérateurs de démarrer leur mission sur le terrain avec un coût moindre que ce qui se passe aujourd’hui et ce sera un prix unique en milieu rural. Que vous soyez à Tchoumi-Tchoumi dans l’Atacora ou Houakpè-Daho à Ouidah, le prix sera identique parce que le gouvernement s’est arrangé pour avoir une péréquation de ce prix.

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On a entendu parlé d’affermage et là, la panique s’est emparée des populations. La crainte est que ces privés vendent encore ce liquide plus cher, Monsieur le Ministre…

Non. En optant pour l’affermage avec de gros opérateurs, c’est pour pouvoir rendre le service de l’eau plus pérenne. Il faut qu’il y ait la pérennité parce qu’on s’est rendu compte que lorsque les ouvrages tombent en panne, il n’y a personne pour réparer. Nous avons plus de onze mille (11000) forages ; sur les onze mille, huit mille (8000) sont en panne.

Vous voulez dire que les communes ne gèrent pas bien l’eau dans leur localité de juridiction, c’est ça ?

En fait, c’est ce qui s’est passé avec les fermiers qui ont contracté avec les mairies. Le constat est là ; l’ouvrage tombe en panne et il n’y a personne pour réparer. Le gouvernement s’est dit parce que j’ai le devoir et l’obligation de donner de l’eau à mes compatriotes, il faut que je prenne le dossier en main et des accords ont été signés avec les communes, les opérateurs sont désignés et, en réalité, c’est eux qui répondront de tout : la qualité, le prix que le gouvernement a fixé que nous vous communiquerons plus tard.

Est-ce-que ce projet prend en compte toutes les communes sur l’ensemble du territoire ?

Sauf les trois communes à statut particulier, Parakou, Cotonou, Porto-Novo, qui n’ont pas de zone rurale.

Quel est le calendrier de réalisation ?

Ils (les opérateurs) n’attendent que la validation par le conseil des ministres. Une fois validé, ils démarrent ainsi sur le terrain par la mise en service des ouvrages qui sont déjà terminés. C’est pour assurer la continuité du service que ces ouvrages ont été confiés à des connaisseurs qui se chargeront de l’entretien et de la vente de l’eau à un prix qui n’a rien à voir avec ce qui se passe actuellement dans ces milieux. L’Etat fait le suivi parce que c’est du social la mise, à disposition de l’eau aux populations.

Monsieur le Ministre, votre département a en charge le secteur Eau. On va aussi aborder l’autre pan de ce département ministériel si vous le permettez, c’est bien sûr les mines. On a appris qu’on a trouvé de l’or à GNANKPA, à Banikoara. Monsieur le Ministre, est-ce que vous confirmez la présence de cette ressource ?

Oui. Effectivement, pour rappel, au cours primaire, on nous a appris qu’on a de l’or à Perma. Ce qui est vrai. Nous avons découvert également à Gnankpa dans la commune de Banikoara, dans la commune de Sinendé mais aussi à Djougou, on a des indices.
A Banikoara, on a installé deux opérateurs pour poursuivre la recherche et confirmer les indices, l’étendue et la teneur afin de voir si c’est suffisant pour lancer la production, l’exploitation.
Du côté de Natitingou, à Perma, on a délimité des périmètres et installé huit (08) opérateurs. Il y en a qui ont presque terminé. Le résultat est bon. La teneur est bonne. Il ne reste que les formalités de laboratoire et de l’administration pour leur permettre de démarrer l’exploitation peut-être d’ici un an.

Est-ce que cela va effectivement se concrétiser, parce que les gouvernements qui se succèdent nous parlent toujours de ces ressources mais finalement rien ne se fait à la fin ? Pourrez-vous rassurer les populations que d’ici la fin de ce mandat, l’exploitation va démarrer ?

C’est l’exploitation industrielle. Sinon, aujourd’hui, les orpailleurs, nous en avons plus de cinq mille (5000) installés à Perma et qui exploitent cet or mais de façon artisanale. Ce sont des tonnes et des tonnes d’or par an.

Est-ce qu’on ne peut pas voir la stratégie aussi à ce niveau ?

En installant l’industriel, c’est pour pouvoir canaliser l’exploitation artisanale de l’or. On les a recensés. Bientôt, nous allons les enrôler avec le ravip et on aura l’identité exacte de chaque orpailleur pour pouvoir les maîtriser. Une fois cela fait, avec les forces de sécurité et de défense, nous allons sécuriser la zone et sans votre carte, vous n’aurez plus accès aux périmètres. A la fin du travail que nous sommes en train de faire, il va y avoir des industriels et aussi des orpailleurs qui vont cohabiter sans se déranger mais se compléter.
Nous sommes en train d’aller vers la valorisation de nos ressources minérales et minières. Cette option est un pilier du PAG. C’est ce qui nous a conduit à commencer la valorisation de nos pierres. Vous allez constater dans beaucoup de nos concessions que ce sont nos pierres que vous allez voir à la place des carreaux.

On a aussi vu ces pierres dans la construction de la clôture du SOFITEL HOTEL. Tout ça, c’est produit au Bénin ?

Exactement ! C’est à Natitingou, au Bénin. C’est à Natitingou seul qu’on produit ça. Ça s’appelle du quartzite. Une pierre avec plusieurs couleurs. L’exploitation a commencé avec les artisans. Certes, on a amené la machine pour tailler et avoir des formes régulières. Il y a des industriels qui vont être installés. Le gouvernement conduit une unité mais il y en a cinq qui se sont annoncées pour, à la fois, le granite, le quartzite et aussi le marbre parce que nous en avons aussi presque partout dans le centre du Bénin.

Est-ce que vous avez pu avoir une idée de la quantité de ces différentes ressources ?

Oui. Nous avons une idée clairement définie avec un partenaire et nous connaissons les quantités.

Il y a aussi d’autres ressources. On parle du lithium qu’on a découvert à Ségbana mais aussi à Kétou. C’est une ressource très importante, recherchée un peu partout dans le monde…

Pour le lithium, nous allons à pas de caméléon parce que c’est une ressource très rare et stratégique à la fois. Nous voulons nous rassurer de tout le potentiel de ce qu’il y a à Ségbana et de ce qu’il y a à Kétou. On est dans les travaux de laboratoire et à chaque fois que nous avançons, on fait des prélèvements pour aller au laboratoire et avoir la teneur. Et c’est ce que nous allons faire jusqu’à savoir le périmètre global. Ce n’est qu’après ça que nous allons commencer par discuter avec les partenaires qui se sont annoncés. Nous avons des Européens et aussi des Américains qui sont à nos trousses puisque, pour eux, ce sont des ressources stratégiques. Mais nous aussi, nous avons notre petite idée là-dessus par rapport à l’exploitation. Ce n’est pas d’exporter la ressource de façon brute, on va avoir toute une chaine de valeur ici au Bénin c’est-à-dire, si on veut aller fabriquer une batterie avec le lithium du Bénin, la batterie sera fabriquée ici au Bénin. C’est notre décision.

Ça permet d’avoir un secteur porteur de devises ?

Pas seulement la devise, mais la main d’œuvre et également la technique. La technologie nous sera forcément transférée au bout de la chaîne de valeur et nous évoluons de façon méthodique, à pas de caméléon.

On va maintenant parler du pétrole Monsieur le Ministre. Autour de nous, il y a du pétrole au Niger, au Nigéria, au Togo, au Burkina-Faso mais chez nous, apparemment, on en fait tout un mythe. Est-ce qu’on a du pétrole au Bénin, Monsieur le Ministre ?

Oui, nous avons du pétrole ! Cette question m’a été posée mille (1000) fois, je réponds toujours que nous avons du pétrole. Les expériences des pays qui nous entourent nous obligent à gérer autrement et même notre propre expérience par rapport au passé.
Nous cherchons des opérateurs vraiment capables de nous accompagner réellement à tirer le maximum de retombées : que ce soit les emplois, la technologie et la manne financière.
Nous sommes en train d’analyser les manifestations d’intérêt et les attentes du Bénin pour voir qui répond le mieux aux attentes du Bénin. Nous devons avoir la garantie que l’exploitation qui va être faite sera bénéfique au Bénin.

Nous sommes presque à la fin de cet entretien, vous avez certainement des choses à dire pour rassurer nos populations…

Ce serait pour l’eau puisque nous sommes le ministère de l’eau.
Ce que j’ai à dire, c’est rassurer nos compatriotes que le gouvernement met les bouchées doubles pour pouvoir vous faciliter la vie. Vous faciliter la vie, c’est vous apporter de l’eau ou que vous soyez. En décembre 2024, les derniers qui n’auront pas l’eau sauront que les travaux seront terminés dans quelques jours ou au plus dans deux mois. On ne peut pas entrer en 2025 et dans une contrée ou dans un pan d’une contrée qu’on dise qu’on n’a rien vu. Ce n’est pas possible, tout est programmé de telle manière qu’à la fin de 2024, normalement, on devrait pouvoir satisfaire tous nos compatriotes. Les quelques rares qui vont exister, ce serait des hameaux difficiles d’accès et on ira les chercher pour leur apporter de l’eau parce que c’est la priorité des priorités du gouvernement c’est-à-dire de tous les problèmes qu’on a, celui-là, on doit le faire à 100%.
Aux populations de Cotonou, je vous dis que c’est une question de jour. Nous allons atténuer la souffrance des populations de Akpakpa et PK10. Tout le reste, nous allons, ensemble, suivre l’exécution des travaux au jour le jour pour que dans deux ans maximum que la question de l’eau potable soit définitivement réglée

Merci beaucoup à vous Monsieur le Ministre. En 2024, il y aura de l’eau potable pour tous les Béninois, une promesse du gouvernement. Notre pays est aussi bourré de ressources minières que le gouvernement s’attèle avec méthode à mettre en exploitation, avec tact pour permettre que le bénéfice puisse revenir aux Béninois.

Transcription effectuée par Mansourou TRAORE, PFCom-MEM

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