Édito : comme une fête nationale!

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Les mesures instaurées par les autorités dans le cadre de la propagation de la Covid-19 à savoir la fermeture des bars, buvettes et lieux de culte et les transports en commun ont été officiellement levées le mardi 2 juin 2020. Le premier weekend qui a suivi la levée de ces mesures a été fêté comme un soir de victoire des Écureuils, l’équipe nationale de football du Bénin, et un enterrement de première classe lui a été réservée dans les maquis, bars et discothèques. Cette nuit du samedi n’a rien manqué des airs de week-end ou de jour férié. Pour la mise en bière des dernières mesures prises par l’État pour freiner la propagation de la Covid-19 au Bénin, la bière a coulé à flots sur des morceaux de ces délicieux poulets «bicyclettes» et «télévisés», incontournables dans les virées cotonoises. À Cotonou, à Abomey-Calavi comme à Porto-Novo et à Parakou, les retrouvailles entre «gens de la nuit» ont été très chaudes, comme pour prouver combien cette ambiance nocturne leur manquait. Les motocyclettes vrombissaient, se mêlant aux klaxons des voitures, le tout dominant difficilement la musique diffusée à tue-tête par des DJ dont les doigts engourdis par un trimestre d’inactivité ont retrouvé toute leur dextérité. Mais les plus heureux dans cette «belle nuit retrouvée», ce sont certainement les propriétaires et gérants de ces endroits qui ne savaient plus à quel saint se vouer, l’arrêt de leurs activités les ayant plongés, eux et leurs employés dans des difficultés financières sans commune mesure.

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Un terreau pour la covid-19 ?

 

S’il faut saluer le retour des bonnes affaires pour les sociétés de distribution de boissons, les fournisseurs de poulet ou de viande pour la grillade, les patrons des «chambres de passe» pudiquement appelées auberges ou hôtels, il ne faut pas moins s’inquiéter pour un possible rebond de la Covid-19. Dans la nuit noire où tous les chats sont gris et tous les excès permis, le virus à couronne peut trouver un terrain bien favorable pour se propager. Surtout que le respect des gestes barrières est, visiblement, le dernier des soucis de bien des noctambules, notamment des disciples de Bacchus qui ne se soucient pas d’éteindre le feu, mais d’étancher leur gosier, asséché par tant de jours de diète.

Que dire des grands débats entre amis autour des tables où le mètre de sécurité requis entre deux personnes n’était pas des plus simples à respecter? Et ces couples qui se forment spontanément et dont les envies ne se calment qu’entre quatre murs? Les risques de multiplication des cas sont bien là et il importe plus que jamais d’attirer l’attention de chacun et de tous sur les consignes sanitaires, pour se protéger et protéger les autres. Si déjà dans la journée, l’incivisme notoire de certains ayant pris le dessus, ces mesures barrières sont constamment foulées au pied, ce n’est pas la nuit qu’elles seront prises en compte. Car il faut le reconnaître, aligner les rasades et aller au corps à corps sont peu compatibles avec les gestes barrières. Et quand les effets de l’alcool s’en mêlent, bonjour les dégâts!

Certes, l’économie de nuit est aussi importante que celle de jour, mais la santé est au-dessus de tout. Ce n’est que par la discipline individuelle qu’on pourra assurer le respect des gestes barrières pour ne pas avoir à regretter la chute en cascade et sous la pression, des mesures qui ont peut-être sevré les populations de leurs revenus, mais ont sans doute contribué à freiner la propagation du virus. D’ailleurs, ne sommes-nous pas, selon les spécialistes de la chose, condamnés à vivre avec la Covid-19, sous sa forme actuelle ou autre? Sortons utile, lavons-nous les mains et faisons surtout du masque, notre compagnon le plus fidèle. En attendant, le cordon sanitaire et les autres interdictions reposent déjà en paix !

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