Ministère des Affaires étrangères (Mae): Lucrèce Y. Kindji, un profil inadéquat pour être Prmp

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Au Ministère des Affaires étrangères (Mae), les principes sacro-saints chers à l’administration, qui, faut-il le rappeler, constituent le ferment de son bon fonctionnement sont en souffrance. La goutte d’eau qui a débordé le vase est la désignation de dame Lucrèce Yétondohoun Kindji comme Personne responsable des marchés publics (Prmp) par intérim. Le 2 février 2023, la Prmp du Ministère des Affaires étrangères a démissionné. Pour l’instant, les raisons qui sous-tendent cette démission restent à élucider. Mais là n’est pas l’axe principal du présent article. C’est donc pour pourvoir au poste de la Prmp devenu vacant depuis le 2 février 2023 que le ministre Aurélien Agbénonci a par une simple note de service en date du 17 février, nommé dame Lucrèce Yétondohoun Kindji comme Personne responsable des marchés publics par intérim. Seulement, la procédure de nomination et le profil de la Prmp intérimaire sont loin de répondre aux exigences des textes règlementaires en la matière. Plus précisément, cette nomination viole les dispositions de l’article 3 du décret 2020- 596 du 23 décembre 2020 portant attributions, organisation et fonctionnement de la Personne responsable des marchés publics et de Ia Commission d’Ouverture et d’Évaluation. Ledit article stipule : « La personne responsable des marchés publics est désignée parmi les cadres de la catégorie A échelle 1 ou de niveau équivalent si elle est désignée hors de l’Administration publique, et disposant d’une formation spécifique et/ou idéalement d’une expérience de quatre (4) ans, au moins, dans le domaine des marchés publics. Elle a rang de directeur technique. La Personne responsable des marchés publics est nommée pour un mandat de deux (2) ans renouvelable. Le mandat peut être suspendu ou interrompu pour fautes lourdes, ou en cas d’évaluation annuelle jugée non satisfaisante. Le renouvellement est fait sur la base des résultats des évaluations annuelles des performances de la Personne responsable des marchés publics. Pour ce faire, des objectifs précis de performance sont définis chaque année par l’Autorité contractante».

Les irrégularités

À tout point de vue, les dispositions du décret sus évoqué ont été rangées dans un casier dans le cas de la nomination de dame Lucrèce Yétondohoun Kindji comme Prmp intérimaire. Sur la procédure, l’autorité contractante était astreinte à procéder à une nomination en prenant un arrêté ministériel. Les spécialistes de l’administration publique estiment qu’une simple note de service est inappropriée pour désigner une Prmp même intérimaire. Il s’agit là, d’un premier biais reproché à l’ex-ministre des Affaires étrangères Aurélien Agbénonci. Un arrêté ministériel devrait faire le tour des services compétents et avoir le quitus de la cellule d’analyse des arrêtés de la présidence de la République. La note de service était-elle une option pour contourner tout le circuit pour imposer une Prmp intérimaire au profil inadéquat ? La question se pose. Justement sur ce profil jugé inadéquat, les faits parlent d’eux-mêmes. Dame Lucrèce Yétondohoun Kindji, même si elle est un agent du ministère, est une étudiante en régime cours du soir en Master 2, spécialité, Management des services publics en instance de soutenance. Par lettre n°138-2023/UAC/ENA/D/DA/SGE/SAP/DE, le Directeur de l’école nationale d’administration (ENA) de l’université d’Abomey-Calavi a recommandé dame Lucrèce Yétondohoun Kindji pour un stage académique de fin de formation de trois mois. Selon cette lettre de recommandation, le stage doit se dérouler du lundi 19 juin au vendredi 8 septembre 2023. Il en ressort que dame Lucrèce Yétondohoun Kindji jusqu’à sa nomination le 17 février 2023 était un cadre A3, échelon qu’elle garde toujours puisque qu’elle n’a pas encore soutenu son master pour devenir un cadre A1, niveau exigé par le décret pour occuper le poste de Personne responsable des marchés publics. Par ailleurs, sa spécialité (Management des services publics) ne la met pas en pole position plus que d’autres cadres du Mae titulaires de Masters en marchés publics. Le ministre des Affaires étrangères avait donc la possibilité d’aller fouiller le fichier des cadres techniques compétents ayant le profil requis pour assumer l’intérim de la Personne responsable des marchés publics. De ce qui suit, la nomination de dame Lucrèce Yétondohoun Kindji comme Prmp intérimaire reste une surprise pour bon nombre de personnes. Tant l’acte de nomination et le profil de l’étudiante promue sont non conformes aux exigences des textes.

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D’autres nominations irrégulières, l’annulation des actes attendue

Dans les couloirs du ministère des Affaires étrangères, la nomination d’une Prmp intérimaire n’est pas le seul acte qui nourrit les critiques. Plusieurs autres nominations ont été prononcées en marge des procédures requises. Il s’agit par exemple de la nomination par note de service en lieu et place d’un arrêté ministériel du conseiller technique à l’administration et au dialogue social et de six (6) Directeurs Adjoints. Il s’agit notamment du : directeur adjoint de l’Afrique et Moyen-Orient, de la directrice adjointe Asie et Océanie, de la directrice adjointe des organisations internationales et du maintien de la paix, du directeur adjoint Amérique, du Directeur Adjoint des affaires juridiques, pour ne citer que ceux-là. Tous ces cadres ont été nommés par simple note de service. Ce qui viole les textes. Sous l’administration Agbénonci, les questions sur le choix des nominations par note de service en lieu et place de la prise d’arrêté demeurent vives. Parce qu’elles sont en porte-à-faux avec les normes prescrites, toutes ces récentes décisions prises par l’ex-ministre Aurélien Agbénonci dans toutes les directions du ministère avant son limogeage doivent être remises en cause et annulées. Le nouveau ministre des Affaires étrangères doit faire de ce sujet un chantier prioritaire s’il ne veut pas être comptable des actes pris et truffés d’irrégularités administratives et qui n’honorent pas la gouvernance Talon. Le nouveau vent qui souffle devrait emporter et balayer toutes les souillures décelées dans les couloirs du ministère des Affaires étrangères. Nous y reviendrons.

Brivaël Klokpê Sogbovi

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