Infertilité masculine: Dr Ahouayito présente les causes et les symptômes

0 111

L’infertilité masculine est souvent provoquée par la production de spermatozoïdes de mauvaise qualité ou une anomalie du transport de ces derniers. Dans le dossier santé de cette semaine, Dr Urbain Ahouayito, titulaire d’un diplôme en méthodes et pratique épidémiologie, évoque les causes et les symptômes de la stérilité masculine. Infertilité chez l’homme peut par exemple être liée à une absence absolue de spermatozoïdes d’origine génétique dans le sperme.

Banniere carrée

L’INFERTILITÉ MASCULINE : LES CAUSES

Docteur Dodji Urbain AHOUAYITO, MD

  • Diplôme d’Université en ‘’Méthodes et Pratiques en Épidémiologie’’ (ISPED/ Université de Bordeaux)
  • Droit et Bioéthique (IRSP- CAQ/ Ouidah Bénin & Chaire UNESCO)

Première chose à savoir : l’infertilité masculine et la stérilité masculine sont deux troubles différents. En effet, le diagnostic ne conclut à la stérilité que face à une incapacité totale et définitive de procréer de manière naturelle : elle peut être liée à une absence absolue de spermatozoïdes (azoospermie) d’origine génétique par exemple (voir plus bas). L’infertilité masculine, en revanche, peut très bien désigner un trouble de la fertilité passager et/ou corrigible. En pratique, on parle d’infertilité lorsqu’un couple n’arrive pas à avoir d’enfant après 2 ans de rapports sexuels réguliers non protégés. Elle est :

  • d’origine masculine dans environ 1/3 des cas ;
  • d’origine féminine dans environ 1/3 des cas ;
  • d’origine mixte ou inconnue dans le tiers restant.

Nous avons parlé la semaine dernière de la stérilité féminine ; cette semaine, nous abordons l’origine masculine.

Définition

Une infertilité masculine peut être provoquée par une production de spermatozoïdes de mauvaise qualité, une insuffisance de production de spermatozoïdes ou une anomalie du transport de ces spermatozoïdes. On distingue plusieurs situations :

  • L’Oligospermie: elle correspond à une quantité insuffisante de spermatozoïdes dans le sperme. Normalement il y a au moins 20 millions de spermatozoïdes par ml de sperme. Un nombre inférieur à 10 millions/ml peut être responsable d’une infertilité ;
  • L’Azoospermie: le liquide spermatique ne contient aucun spermatozoïde ;
  • L’Asthénospermie: elle correspond à un défaut de mobilité des spermatozoïdes qui éprouvent des difficultés à se déplacer. Il y a normalement au moins 40% de spermatozoïdes mobiles dans le sperme. En dessous de ce seuil, on parle d’asthénospermie ;
  • La Nécrospermie: elle est caractérisée par un pourcentage élevé de spermatozoïdes morts (> 50%). Elle est souvent due à des infections ;
  • La Tératospermie : elle correspond à une quantité trop importante de spermatozoïdes mal formés et témoigne de la présence d’un taux anormalement élevé de spermatozoïdes anormaux de l’ordre de mois de 50%.

Souvent les anomalies sont associées on peut alors parler d’oligoasthénospermie ou d’oligoasthéno-tératospermie. L’infécondité peut être primaire (jamais de grossesse préalable) ou secondaire (déjà une ou plusieurs grossesses antérieures à la consultation) et orienter ainsi le spécialiste quant à la cause de la stérilité.

Les causes possibles

Les causes de stérilité masculine sont nombreuses. Elles peuvent être mécaniques, infectieuses, génétiques ou encore hormonales :

  • Les pathologies de l’enfance et l’histoire du développement (cryptorchidie, troubles de la différenciation sexuelle).
  • Les pathologies de système (notamment diabète et obésité), cancers, maladies génétiques (chromosomiques, mucoviscidose…) et affections respiratoires et ORL.
  • Les chirurgies antérieures, notamment chirurgies inguino-scrotales (cryptorchidie, hernie inguinale).
  • Les antécédents de torsion du cordon spermatique.
  • Les traumatismes du bassin, des organes génitaux externes, ou du périnée.
  • Les infections urogénitales (orchi-épididymites dans un contexte d’infection sexuellement transmissible, orchite ourlienne, urétrite, prostatite, infections urinaires, tuberculose génitale).
  • L’hygiène de vie : tabagisme actif, consommation de cannabis et d’autres stupéfiants (colles, crack, héroïne, cocaïne, drogues de synthèse), consommation d’alcool.
  • L’exposition à des facteurs délétères pour la spermatogenèse ou les spermatozoïdes, incluant la chaleur (bains chauds, sauna, hammam, sous-vêtements serrés, efforts physiques intenses et prolongés, activités sportives, ordinateurs portables), l’exposition aux perturbateurs endocriniens (exposition aux pesticides et aux solvants), aux radiations ionisantes et la consommation de stéroïdes anabolisants.
  • Le stress, le travail de nuit.
  • Les antécédents familiaux d’infertilité, de maladies génétiques familiales, de consanguinité ou de prise de médicaments par la mère pendant la grossesse.
  • Les traitements actuels et antérieurs : chimiothérapie, médicaments anti-infectieux, médicaments du système nerveux central, stéroïdes, alpha-bloquants, inhibiteurs de la 5-alpha-réductase ou radiothérapie.

Il y a également une sorte d’infertilité dite inexpliquée : tout va bien chez les deux, mais pas de grossesse en route. Dans 10 à 15% voire même 25% des situations, aucune cause n’est retrouvée ni chez l’homme ni chez la femme. Tout le travail des spécialistes de l’infertilité est donc de comprendre la cause et de tenter de trouver une solution pour que le couple infertile puisse avoir un enfant.

Symptômes ou signe annonciateurs

Les délais de conception anormalement longs sont les symptômes les plus caractéristiques de l’infertilité. Mais avant de passer des examens, impossible de savoir quel membre du couple est concerné… Cela étant dit, il arrive que l’infertilité masculine s’accompagne aussi de troubles de l’érection et/ou de l’éjaculation, même si c’est loin d’être systématique. Par exemple, certains hommes ne parviennent pas à éjaculer malgré l’orgasme. Cela s’observe surtout en cas d’éjaculation rétrograde : au lieu d’être libéré dans le vagin, le sperme est envoyé dans la vessie masculine. On retrouve alors des traces de sperme dans les urines durant les examens.

Sources principales

Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

error: Content is protected !!